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ORIGINES DU ZOROASTRISME. —II. FORMATION DE LA COLLECTION AVESTÉENNE


mettant en action un vers des Gâthas 1, confondit les incrédules et les hérétiques en se soumettant à l’épreuve du Var, c’est-à-dire en se faisant verser du métal fondu sur le cœur, sans en souffrir. « Maintenant que la vraie religion s’est montrée à nos yeux d’une façon visible, dit Shâhpûhr. je ne souffrirai plus de fausse religion » (ag-dinih). C’est avec lui en effet que commencent les persécutions contre les chrétiens 2. C’était le moment environ où les Pères de Nicée organisaient aussi une orthodoxie d’État.

Ce n’est point sans doute à cette démonstration expérimentale que se borna l’œuvre d’Adarbàd. Peut-être est-ce à lui qu’on doit la répartition définitive des textes avestéens entre les vingt et un Nasks 3. Mais que sa mission se soit bornée à faire triompher l’œuvre de ses prédécesseurs, ou que lui-même l’ait complétée et lui ait donné sa forme définitive 4, une chose certaine, c’est qu’après lui l’Avesla n’a plus changé ; c’est qu’au iv e siècle il est clos définitivement et qu’il est devenu sous une forme arrêtée et officielle le livre sacré de l’État. Aujourd’hui encore le Palet parsi met Adarbâd au nombre des fondateurs de la religion :

« Je me tiens ferme dans la religion que le seigneur Ormazd et les Amshaspands ont enseignée au Férouer adoré de Zartusht, le Spitamide ;

« que Zartusht a enseignée à Vîshlâsp ;

1. « Esprit du Bien, Ahura Mazda, par Ion feu lu décides entre les adversaires, selon la supériorité de piété et de sainteté ; et maint de ceux qui le voient embrassent la loi » (Yasna XLVII, 6). Zoroastre, le premier, s’était soumis à cette épreuve (Uinkart, VII). — Cf. les passages cités vol. I, Yasna XXXI, notes 15-16.

2. A partirdel’an 330. La promulgation de l’Avesta appartient donc aux premières années de Shâhpûhr II.

3. Hypothèse douteuse, reposant sur l’expression nôsl ; ôshmûrlan, qui peut signifier aussi bien « lire les Nasks ». Le texte complet est : « Après qu’Atarpàt eut échappé, dans la parole et dans l’épreuve, dans la lutte avec tous les hérétiques et qu’il eut compté (ou lu) les Nasks aux égarés, [le RoiJ dit : Maintenant que nous avons vu la religion sur terre, nous ne souffrirons plus de fausse religion » (akhar min bôkhtan-i Alûro-pât pun gavishn-i (lire û ?) pasdlcht Ivalâ hamâk olâshân jût sarîtakân û-nôsk-ôshmûrtan-c-i jùt-rajislakân danâ-c gùft aîgh : kûn amatmàn din pun gitî barà khazîtùnt, aîs/i-ic ag-dinih bava là shadkûnând). Il y a eu d’abord controverse, puis épreuve : Adarbâd sort victorieusement de l’une et de l’autre.

4. Une tradition moderne lui attribue la formation du Khorda Avista (vol. Il, xxxiv).