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ORIGINES DU ZOROASTRISME. —II. FORMATION DE LA COLLECTION AVESTÉENNE


Ardashîr. De race royale 1 par sa grand’mère, il était, par son grand-père Sàsàn, de race sacerdotale : Sàsàn était l’intendant d’un temple de la déesse Anâhita à Istakhar : Ardashîr s'en souvint et c’est là qu’il envoya plus tard les tètes de ses ennemis vaincus. « Il était, dit Agathias, initié à la doctrine des Mages et en célébrait lui-même les mystères ; et avec lui la race des Mages, assez méprisée jusqu’alors, devint toute-puissante, et dans les affaires publiques et dans les affaires privées : ils ne sont pas seulement les conseillers toujours écoutés, c’est en leur main qu’est déposée la justice 2. » C’est de lui que datent la théorie et la formule du trône appuyé sur l’autel. « Sachez, ô mon fils, dit-il dans son testament à son fils Shàhpûhr — le Sapor des Grecs — que la religion et la royauté sont deux sœurs qui ne peuvent exister l’une sans l'autre, car la religion est la base de la royauté et la royauté la protectrice de la religion 3. » Le titre royal sur les monnaies n’est plus Philhellène, mais Mazdayasn, « adorateur de Mazda ». Ardashîr est le zoroastrien par excellence, le souverain suivant le cœur des Mages, et la tradition reconnaissante n’a cessé de le proclamer le restaurateur de la religion.

Il fut aidé et éclairé dans son œuvre par un homme dont la tradition moderne n’a point gardé le souvenir et qui méritait pourtant d’échapper à l’oubli : car ce grand prêtre Tansar, que le roi charge de recueillir et de compléter l’Avesta et dont il estampille l’œuvre du caractère officiel, fut le théoricien du règne et le véritable organisateur du Néo-Mazdéisme. Les quelques mots que le Dînkart lui consacre permettent de soupçonner son rôle : mais il est possible de faire davantage et de rétablir son histoire, qui serait faite depuis longtemps sans les équivoques de l’écriture arabe et de l’écriture pehlvie, qui ont empêché de reconnaître dans le Tansar 4 du Dînkart le Bicher de Maçoudi.

« Nous ne parlerons pas ici, dit Maçoudi dans ses Mines d'or, des rap-

1. Sa grand’mère appartenait aux Bàzrangis, petite dynastie locale (Noeldekê, Tabari, 4).

2. Agathias, II. Cf. S. de Sacy, Mémoires sur diverses antiquités de la Perse, 43.

3. Maçoudi, II, 162.

4. Lu à tort par Haug et West Tôsar, ce qui empêchait de reconnaître la fausse vocalisation de xxx à lire xxy.


t. iii. d