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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

2° La rédaction zende dans laquelle nous arrive l’Avesta en prose a probablement été faite sur une rédaction ou plutôt sur une collection de matériaux en langue vulgaire, indépendante des livrets zends légués par le Zoroaslrisme ancien. En effet, un écrivain arménien du v^siècle, Elisée, met au nombre des connaissances nécessaires à un grand prêtre le palhavik, c’est-à-dire la langue ou la littérature de l’époque parlhe, car au v« siècle le mol pehlvt avait encore son sens primitif de parthicus. Il y avait donc une littérature sacrée écrite dans une autre langue que le zend, écrite dans la langue des Arsacides, en vieux peblvi. Or le Parsisme, de son côté, divise la littérature sacrée en deux branches, Avesta et Zend, l’Avesta désignant les textes révélés rédigés dans la langue sacrée, et le Zend désignant la littérature explicative en langue vulgaire. Le Parsisme voit même dans les Gâthas des allusions à ces deux branches et, si on l’en croit, les Gâthas feraient remonter à la révélation d’Ahura à Zoroastre les deux lois, « l’Avesta et le Zend - » . Il est tout naturel d’identifier le Palhavik d’Elisée avec le Zend de la tradition ^ Ce Zend a-t-il été incorporé tout temps entre les textes qui emploient exclusivement les unes ou les autres. C’est ainsi que les derniers rois chaldéens emploient à leur choix le style arctiaïque ou le style moderne.

Quand l’écriture pehlvie, aussi claire à l’origine qu’aucune autre écriture sémitique, fut devenue indéchiffrable par la multiplication des caractères polyphones et l’abus des ligatures, il fallut créer un nouvel alphabet pour les textes sacrés. On créa l’alphabet zend, qui est l’alphabet pehlvi du vi siècle, transformé sur le modèle de l’alphabet grec. L’alphabet grec et l’alphabet zend sont les seuls en Orient qui rendent tous les sons vocaliques et qui les rendent tous par des sons indépendants : peut-être le grec a-t-il fourni le signe de l’e très bref du zend qui est un s. 1. Un Parthe se disait PaA/au (dérivé du nom primitif des Parthes, Parthava). Sous les Sassanides, la langue de la période précédente s’appelait légitimement le pehlvi : plus tard, le mot prit le sens de langue ancienne et c’est ainsi qu’il en est venu au moyen âge à désigner la langue des Sassanides. 2. Voir Yasna, XXX, i, n. 1 ; XXX, 1, n. 1, etc.

3. Voici le passage complet d’Elisée, d’après la traduction littérale que veut bien me donner M. Meillet : « Il portail le nom de liamahden, ce qui est tenu pour un grand titre d’orgueil dans leur fausse religion ; il savait aussi le anparlkhash, il avait aussi appris le bozpayit, il possédait le palhavik et le parskaden ; ce sont là les cinq keshl qui embrassent toutes les lois du Magisme. En dehors des précédents, il y en a un sixième que l’on nomme le mogpel ». Elisée semble confondre des degrés de la tiiérarchie sacerdotale et des branches de la littérature sacrée. Mogpet, en tout cas, n’est qu’un titre, c’est le magû-pat des Sassanides, le mobed d’aujourd’hui.