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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
J’établis pour Ratus les Amesha-Speñtas et les Saoshyants 12[1] les plus sages 13[2] les plus véridiques, les plus empressés 14[3], les plus intelligents 15[4].

Je proclame la plus haule puissance de la Religion mazdéenne 16[5] Ratu du Prêtre, du Guerrier et du Laboureur.
4 (10). O Amesha-Speñtas, bons souverains et bienfaisants, je vous donne ma vie ; je vous donne tous les biens de la vie 18[6].


Zôt et Râspî ensemble ;


(12). Les deux Esprits ont pensé, ont parlé, ont agi :



5 (13) 18[7] « mais comme toi, Ahura Mazda, n’as pensé, n’as dit, n’as donné et n’as fait que le bien, ainsi te donnons-nous [le bien], ainsi l’enseignons-nous [aux autres], ainsi t’adorons-nous en t'abordant [avec le bien] ; ainsi te prions-nous [pour le bien], ainsi te mettons-nous en dette pour [le bien], ô Mazda Ahura !
  1. 12. Les Saoshyañts ; voir Yasna IX, n. 7. — « On prend un parmi les êtres célestes et un parmi les êtres terrestres : l’homme le plus sage ». (Comm. P. ad Vp. III, 26.) D’après le Saddar, ch. xxvi, tout fidèle arrivé à l’âge de quinze ans doit choisir un Amshaspand pour le protéger, un sage (dânâ) pour le conseiller dans ses affaires, un Dastûr ou Mobad pour lui faire connaître ce qui est permis et ce qui ne l’est pas (shâyasta va nà-shâyasta). Le Saddar répartit entre un conseiller civil et un conseiller religieux les fonctions du sage avestéen. — Dans le texte le mot Amesha Speñta est probablement pris dans son sens large (Yasna I, note 14) : de là les noms divins qui se rencontrent si souvent dans l’onomastique sassanide : Auhrmazd, Bahram, Ashtâd, Mahraspand, c’est-à-dire « qui a pour Ratu Auhrmazd, Bahrâm, etc. ».
  2. 13. dàhishtà, dânâktum. Voir Yasna XLIV, note 36.
  3. 14. aiwyàmatema « les plus empressés [aux bonnes œuvres] » (aparmatâr ô kar û dinà ; Comm. ad Yasna, XXVI, 2, 9 ; Vp. III, 5, 27.
  4. 15. ashkhrâhvanutema, kabad khrat kartàrtùm, aigh kâri dâdistân î pun khrat apàyat kart vîsh kart yakôyamùnît (P. ad Vp. III, 27) « qui fait le plus acte d’intelligence ; c’est-à-dire qu’il fait le plus des œuvres de loi qui demandent intelligence » (il sait décider les questions de droit). Le mot est donc décomposé en ash kabad, khra khratu, kvanu kartâr ; pour khrà * khrat khratu, voir Y. XXVIII, note 19 ; hvanu semble isolé ; cependant il faut remarquer que hvanvañt (Y. IX, 1, 4 ; XVII, 7, 42 ; XXXII, 26) est traduit nîvak kart « bien fait » et que hvàmahi (Y. XXXV, 5, 14) est traduit karomi « je fais », ce qui renvoie de nouveau à un hvan « faire » (hvan-mahi).
  5. 16. « Le Maubadân Maubad » (P.), qui est le chef spirituel de l’État, l’inspirateur suprême.
  6. 17. Cf. Hâ XII, note 2.
  7. 18. Les §§ 5-6 sont pris du Yasna Haptañhâiti, XXXIX, 4-5 (10-15) : voir là le commentaire.