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ZEND-AVESTA  : YASNA. — HÔM-YAST


honneur des chants de louange que chanteront les Saoshyañts 7[1] de l’avenir.


3 (9). Et Zarathushtra dit : Prière à Haoma !


Le Zôt seul :


Quel est le premier mortel, ô Haoma, qui te prépara pour le monde des corps ? De quel bienfait fut-il payé 8[2] ? Quelle faveur lui en advint ?


4 (11). Et le saint Haoma, qui éloigne la mort, me répondit :

Vîvañhant 9[3] est le premier mortel qui me prépara pour le monde des corps. De ce bienfait il fut payé, cette faveur lui en advint, que lui naquit pour fils Yima Khshaêta 10[4], le bon pasteur 11[5], le plus glorieux 12[6] des mortels jamais nés, qui avait entre tous le regard du soleil 13[7] ; qui sous son règne affranchit de la mort les troupeaux et les hommes, de la sécheresse les eaux et les plantes, rendit les aliments inépuisables sous la dent qui les dévore 14[8].
  1. 7. Saoshyañt, litt. « bienfaiteur » (voir p. 21, n. 3) ; désigne le plus haut degré de la sainteté mazdéenne, celui de la sainteté agissante et triomphante ; on peut définir le Saoshyañt le héros ou le grand homme du mazdéisme. Il s’emploie tantôt pour désigner les grands saints du jour (Y. XIII, 7, 24, et note 20 ; XIV, 1 [XV, 2] ; XX, 3, 6, etc.) ; tantôt, plus spécialement, pour désigner les héros, nés ou à naître, qui par leurs œuvres coopèrent ou coopéreront au triomphe final d’Ormazd et « feront le renouveau du monde » (frashô-carethràm ; Y. XXV, 5, 14) ; tantôt enfin, c’est le nom propre du plus grand de ces saints, le Sauveur, le fils encore à naître de Zoroastre (Sôshyans), qui doit régner à la fin des temps et présider à la résurrection (Yt. XIII, 62 ; XIX, 89 sq.).
  2. 8. kâ ahmâî ashish erenàvi : ashish, upakriti ; cf Yt. XVII, introduction ; erenâvi, kart, cakrishe, aoriste passif de ere-nu « faire » ; cf. note 68.
  3. 9. Voir l’introduction à ce Hâ.
  4. 10. Sur la légende de Yima Khshaêta ou Jamshîd, voir l’introduction au 2e Fargard du Vendidad.
  5. 11. « Sa qualité de bon pasteur consiste en ce qu’il tenait en bonne santé les troupeaux d’hommes et les troupeaux d’animaux. » (Vd. II, 2, 4).
  6. 12. Voir Yt. XIX, introduction.
  7. 13. hvaredaresô mashyanàm : la construction avec le génitif donne à l’adjectif le sens superlatif, hvaredaresô, c’est-à-dire « au regard bienveillant » ; « car on dit de celui qui regarde toutes les bonnes créatures d’un œil bienveillant qu’il a le regard du soleil, le soleil regardant d’un bon œil toute la création » (Shikand Gumânik, 1, 56).
  8. 14. hvairyàn hvarethem ajyamnem : il est difficile d’expliquer hvairyàn autrement que comme un pluriel optatif ; « il rendit, quand on (la) dévorerait, la nourriture inépuisable ». Le pehlvi a khorishn vashtamûnàn ( khôràn) « la nourriture de