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ANNALES DU MUSÉE GUIMET



2 (5) 10[1] J’annonce et j’offre [ce sacrifice] à Vohu Manô 10[1], à Asha Vahishta 10[1], à Khshathra Vairya 10[1], à Speñta Ârmaiti 10[1], à Haurvatât 10[1] et Ameretât 10[1] ;

    (Comm. P.). Ahura n’est pas incorporel ; il n’est qu’invisible ou du moins peut se rendre tel, non seulement aux hommes, mais même aux Amsha-Spañdas (Y. IV, 7, 12, texte et note). Quand Ardà Virât comparaît devant Auhrmazd, Auhrmazd lui parle : il l’entend, mais ne voit qu’une lumière [Ardà Virâf, CI, 10-12). Zoroastre, plus heureux, le voit sous forme humaine et vêtu comme un homme, mais ne peut prendre sa main, parce qu’il est intangible (Shâyast là Shâyast, XV, 1-2). Enfin nous avons un portrait authentique d’Auhrmazd dans un bas-relief de Naqshi-Rustem qui date des débuts de la dynastie sassanide. Le bas-relief représente deux cavaliers dont l’un reçoit respectueusement un anneau des mains de l’autre (Dieulafoy, L’Art antique de la Perse, V, p, 114 et planche XIV). Le cavalier qui reçoit l’anneau est Ardashìr, le fondateur de la dynastie, reconnaissable à ses traits et à sa coiffure qui sont ceux qui paraissent sur ses monnaies : une inscription pehlvie-grecque donne d’ailleurs son nom et ses titres. L’autre cavalier, plus grand, monté sur un cheval plus grand, et dominant Ardashìr de sa taille, tient dans la main gauche le bâton de commandement : c’est Auhrmazd conférant l’empire à Ardashìr, et pour enlever tout doute, une inscription pehlvie-grecque, placée près du grand cavalier, nous dit Patkar zani Auhrmazd Hahâ, τουτο το προσωπον Διοζ θεου « ceci est le portrait du dieu Auhrmazd » (Auhrmazd, étant le dieu suprême, est rendu en grec par Ζεύζ ;  ; cf. Hérodote, I, 131). Il n’en faudrait point conclure que ce fût là la forme consacrée d’Auhrmazd ; nous avons affaire ici à une œuvre d’art et à un symbole historique : le prince a voulu exprimer d’une façon figurée l’idée que Darius exprime si souvent dans ses inscriptions : « Auramazda m’a conféré l’empire » ; et guerrier, il a naturellement représenté Auhrmazd sous les traits d’un guerrier. Le vrai corps d’Auhrmazd, c’est la lumière infinie qui est dite son « lieu » (Bundakish, 1, 2 ; cf. Yasna XXXVI, 6, 14 ; LXXI, 4 [LXX, 11], et avec atténuation spiritualiste, Plutarque, Isis et Osiris, 41 : έσικέναι φωτὶ μάλστα τών αίσθητών). Voir plus bas Appendice A.

  1. a, b, c, d, e, f et g 10. Amesha-Speñta : Appendice A.