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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

donnez-vous à vos élèves ? Quel est le fruit d’une vie honnête (ou d’une conduite morale) et quels avantages en retire-ton ? » Chaque maître s’adresse à eux en disant : « Fils de brahmanes ! » et chacun lui dit son opinion ou lui développe ses principes. Aucun d’eux ne les satisfait. Ils font leurs réflexions sur chacun d’eux dans les mêmes termes, en une stance, dont le sens est : « C’est un esprit faux, un mauvais docteur, un pauvre sire, quoiqu’il ait la réputation d’un maître ; si les principes qu’il avoue sont tels, que doivent être ceux qu’il n’avoue pas ? » Ils les quittent donc avec dédain ou mépris à cause de leurs principes grossièrement athées. (Les noms et les principes philosophiques de ces six docteurs ou maîtres peuvent se lire de la feuille 33 à la feuille 40 du K , ou premier volume du Dulva.)

Feuille 40. — Ils deviennent ensuite les disciples de Yang-dag rgal-va-can, qui leur confie l’instruction de ses cinq cents disciples. Dans sa maladie, les deux jeunes brahmanes font tout ce qu’ils peuvent pour le soulager. L’un veille sur lui, pendant que l’autre va chercher des médicaments. — Pourquoi il lui arriva une fois de sourire. — Il leur annonce la naissance de Çâkya, qui est passé à l’état de saint ou Buddha. Il leur conseille de devenir ses disciples, de taire toutefois le nom de leur caste et de leur famille, et de renoncer à tout orgueil pour mener une bonne conduite sous sa direction, s’ils désirent trouver le breuvage d’immortalité (tib. Bdud rtsi, sk. Amṛta). Feuille 41. Stance sur l’instabilité des choses humaines[1]. « Tous les trésors accumulés finissent par épuisement ; tout ce qui est élevé finit par la chute ; tout ce qui est réuni finit par la séparation ; tout ce qui vit finit par la mort. » Il meurt ; ils brûlent son corps selon les règles et mènent deuil sur lui. Ils sont convaincus que leur feu maître a été un sage, qu’il avait trouvé le breuvage d’immortalité. Ils regrettent beaucoup qu’il ne le leur ait pas communiqué. Ils font entre eux cette convention que celui d’entre eux qui trouvera le premier l’Amṛta le communiquera à l’autre. Circonstances dans lesquelles ils devinrent par la suite disciples de Çâkya[2]. Celui-ci déclare qu’ils sont ses deux premiers disciples, Ñe-rgyal (Çârihi-bu ou Çâradwati), « le premier des ingénieux ou intelligents », et Pang-skyes (Mongal-gyi-bu ou Mohugal-gyi-bu, sk. Monga-

  1. Stance qui se trouve reproduite ailleurs et doit l’être assez souvent. (L. F.)
  2. Voir plus loin, Dulva IV, folios 43 et suivants, le récit détaillé des faits résumés ici. (L. F.)