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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

En Magadha, le prince né à Padma-chen-po s’appelle en tibétain Gzugs-can sning-po (Sk. Bimbasâra) ; pourquoi ce nom lui fut donné ; Ses huit nourrices (Sk. Dhâtrî), deux pour le tenir sur leur giron, deux pour l’allaiter, deux pour le laver, deux pour jouer avec lui[1]. En même temps que ce prince, les fils de cinq cents officiers naquirent dans le Magadha.

Bimbasâra devenu grand excelle dans tous les arts, d’où son surnom (feuille 5-6) tibétain de Bzo-sbyangs (sk. Çrenika ou Çrenya). Informé des procédés des collecteurs d’impôts du roi d’Anga, il leur défend de lever désormais aucun tribut sur le Magadha. Ceux-ci en appellent au père du jeune prince, qui les autorise à continuer, comme par le passé, la levée des taxes ou tributs. Plus tard le jeune prince, voyant qu’ils recommencent à lever des taxes, leur ordonne avec menaces de cesser absolument toute perception de taxes. Ils vont trouver le roi de Anga, lui racontent comment ils ont été traités par le jeune prince de Magadha et lui citent un çloka, dont le sens est : « Tant qu’un arbre est jeune, on peut le couper avec les ongles ; quand il est devenu gros, il est difficile de l’abattre même avec cent haches ». Le roi de Anga expédie ses envoyés ou messagers au roi de Magadha et demande que le jeune prince lui soit amené la corde au cou. Sur la réponse qui lui est renvoyée, les deux rois font leurs préparatifs de guerre.

Le roi de Magadha donne à son fils le commandement de son armée. Bimbasâra convoque les cinq cents fils d’officiers nés en même temps que lui ; il les informe de sa situation, leur dit qu’il est décidé à faire la guerre au roi de Anga, et les prend pour ses officiers. Tous ils embrassent chaudement son parti et déclarent que son sort sera le leur. Le prince prononce un çloka, dont le sens est : « Quand une maison possède renom et gloire (ou qu’il s’y trouve une personne sacrée), il faut employer tous les moyens pour la défendre. Quand l’honneur est perdu, tout est perdu ; de même que lorsque le moyeu d’une roue est détruit, les rais deviennent inutiles. » Les officiers lui donnent l’assurance de leur attachement à sa personne en disant : « Où seront vos pieds, là seront nos têtes. » Il assemble les quatre corps de troupes. Le père exprime son étonnement en voyant combien l’armée de son fils est nombreuse. De là le surnom de Bimbasâra « le roi aux troupes nom-

  1. Ce détail d’éducation n’est pas spécial au personnage dont il s’agit : il revient très fréquemment dans les différents textes du Kandjour. (L. F.)