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V
PRÉFACE

Bouddha avait employé sa langue maternelle (mâgadhi ?) pour prêcher sa loi dans le pays où il était né, il avait dû nécessairement, quand il s’en éloignait, se servir, pour se faire comprendre, du langage des pays où il s’arrêtait. Mais quelle était sa langue maternelle ? Était-ce le pali qu’on a retrouvé dans les inscriptions du roi Açoka, et qui n’est pas tout à fait le même que celui des livres sacrés de Ceylan ?

Pour la seconde question, M. Râjendra ne croit pas l’hésitation possible. En trouvant des livres sanskrits traduits en chinois au ier siècle de notre ère, il ne peut admettre qu’aucun texte pali du Tripitaka puisse prétendre à une pareille antiquité[1].

Quant à la troisième question, nous dirons que, pour les Bouddhistes du nord, le choix du sanskrit ne pouvait être douteux. Placés au milieu de populations qui obéissaient à la loi brahmanique qu’ils repoussaient, il était naturel que les disciples du Bouddha adoptassent une langue généralement comprise par les savants dans toutes les contrées de l’Inde et qui se prêtait mieux que toute autre à la discussion des questions philosophiques et religieuses. Le pali, dérivé du sanskrit, ne pouvait avoir, aux yeux des Brahmanes, la même autorité que leur langue sacrée, l’antique idiome du Véda. Y a t-il eu, parmi les diverses écoles bouddhiques, des rivalités assez violentes pour que les unes en se séparant des autres en soient venues à choisir, pour langue de leurs livres sacrés, une autre que celle de leurs adversaires et à n’emporter, en se réfugiant à Ceylan, que des livres rédigés en pali ?

III

Parmi les savants qui, depuis le commencement de ce siècle, se sont occupés du Bouddhisme et, entre autres H. H. Wilson, Hodgson, en

  1. loc. cit., p. XXXII.