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LES RACES CONNUES DES ÉGYPTIENS

sert environnant est Tesher, la terre rouge. Le nom de la contrée ne nous apprend donc rien sur l’origine de ses habitants ; mais leur religion, comme leur langue, montre qu’ils sont venus de l’Asie et non de l’Afrique.

L’antiquité classique les croyait descendus des Ethiopiens, sur la foi des Éthiopiens eux-mêmes. On en donnait pour preuve, et la civilisation commune aux deux peuples, et la formation du delta, sans songer, ou plutôt sans savoir que l’Ethiopie s’était modelée sur l’Egypte à une époque peu ancienne, tandis que l’âge du delta comportait au contraire des siècles nombreux. Du reste, les plus anciens monuments apparaissent dans la Basse-Egypte, vers la pointe du Delta, et le premier des pharaons passait pour avoir bâti Meraphis. Les prêtres disaient même encore du temps d’Hérodote et conformément à leur opinion constante, que le Nil sortait de deux grottes situées dans le voisinage d’Eléphantine, idée qui n’a pu naître que chez des riverains du bas Nil, et qui ne serait pas venue à des voisins de la Nubie, puisque l’inondation commence plus haut que la Nubie. Enfin, à on croire les Egyptiens eux-mêmes, leurs divinités seraient originaires d’une contrée orientale comprenant, sous les noms de Terre sainte et de Pays des dieux, l’Arabie à l’est et la Phénicie au nord.

La valeur de cette tradition pourrait être confirmée par des faits nombreux, reliant les croyances et les rites des Egyptiens à ceux des Sémites. Il suffira d’indiquer la pratique de la mutilation ou de la circoncision, et l’impureté du pourceau.

Un monument contemporain de Ramsès II, et par conséquent de Moïse, figure la cérémonie de la circoncision. Le héros du conte des Deux Frères, sorte de mythe analogue à ceux qui se rattachaient à la déesse syrienne et à l’Adonis phénicien, se mutile lui-même. Le Soleil avait voulu s’émasculer, d’après un chapitre du Livre des morts. De plus, un roi de la XVIIP dynastie, Khounaten, qui essaya d’imposer à l’Egypte le culte unique du globe solaire, était d’après ses portraits devenu eunuque, après avoir eu d’ailleurs un certain nombre d’enfants. On a remarqué, en étudiant les cérémonies de la nouvelle religion, que la reine mère prit alors une grande importance. que les princesses eurent le pas sur les princes, et que les courtisans imitèrent le pharaon, particularités qui font de Khounaten, ou la splendeur du disque, un véritable Héliogabale égyptien.