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ET LES PRÊTRES DE LA SECTE SÏN-SIOU

D. — Admettez-vous alors l’existence d’un certain ordre dans la formation du ciel et de la terre ?

R. — Selon une vieille tradition indienne, les livres de la religion bouddhique parlent quelquefois de l’ordre en question ; mais on n’y trouve rien de clair et de précis. Toutefois, comme ces récits nous affirment que des milliers d’années se sont écoulées depuis la formation du monde, il ne nous paraît pas supposable que, pendant ce long espace de temps, tous les phénomènes de la nature aient été abandonnés à l’arbitraire et au hasard. Dès lors nous pouvons dire qu’en admettant aujourd’hui l’existence d’un certain ordre dans la formation des choses on ne porte aucune atteinte aux principes fondamentaux de la religion.

D. — Toutes les choses de l’univers sont soumises à une loi générale et uniforme. Cette loi est-elle préexistante à la formation du ciel et de la terre ?

R. — A côté de chaque chose, il existe toujours une règle à laquelle elle est soumise. Le ciel et la terre se sont formés en vertu d’une loi naturelle qui réside dans cette formation même. Seulement parmi les hommes, les uns comprennent et les autres ne la comprennent pas ; c'est que les premiers possèdent une intelligence assez développée pour la comprendre, et que les derniers se trouvent dans l’ignorance.

D. — Les êtres animés doivent-ils aussi leur existence à l’In-En ? Admettez-vous que, dès l’origine, toutes les propriétés physiques et toutes les forces dont parlent les physiciens de notre époque existassent ?

R. — Il est hors de doute que les êtres animés doivent leur existence à l’In-En. Toute chose existe dans ce monde parce qu’antérieurement à sa formation, la raison d’être de cette formation existait déjà. Sans cette loi préexistante aucune chose ne pourrait être formée.

D. — Les chimistes prétendent que deux corps entrant en combinaison en forment un troisième tout différent. Admettez-vous que cela existât déjà avant la formation de toute chose ?

R. — Oui.

D. — D’après tout ce que vous m’avez dit jusqu’ici, je remarque que vos idées s’accordent au fond avec celles de nos savants de l’Europe qui recherchent, de jour en jour, les mystères de la science. Je vous demande maintenant si les actes des hommes dépendent de Dieu.