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VOYAGE AU YÛN-NÂN

pavillons, sinon je les mitraille tous. Ils ne se le font pas dire deux fois et aussitôt les pavillons sont couchés sur les barques.

Parvenus de l’autre côté du fleuve, nous saluons le fleuve Rouge qui se déroule devant nous, d’un coup de canon et de quelques coups de chassepot. Nos fameux miliciens sont saisis de crainte à la vue de la puissance de nos armes. Leur général avait reçu mission de garder le passage et de nous empêcher de pénétrer dans le fleuve.

Je pense qu’il y a, du Thaï-binh au fleuve Rouge par le Gua-loc, 45 milles et 40 de cette dernière rivière à notre mouillage au Lou-to-kiang, soit en tout 85 milles.

Nous avons quelques difficultés à nous procurer le bois dont nous avons besoin pour la chaloupe. Il y a beaucoup de villages le long des rives, mais tout le monde se sauve pour obéir aux mandarins, et nous ne voulons pas prendre le bois de force ; nous sommes obligés d’en couper nous-mêmes de tout vert. A 8 heures 40 du soir, nous mouillons dans la petite crique qui conduit à Haï-phong ; nous n’avons plus de bois. J’envoie l’interprète Sam avec mes Chinois dans les villages voisins pour faire notre provision ; mais au bout de quelque temps ils reviennent les mains vides ; tout le monde se sauve. Nous descendons à terre pour couper des branches d’arbre, et à minuit, notre bois étant fait, nous nous mettons en route. Nous sommes de retour au Louto-kiang, le 14 décembre à 6 heures du matin.

14 décembre. — Pendant ma reconnaissance du Gua-loc, les mêmes bruits sur une attaque combinée des Chinois et des Annamites se sont reproduits à bord. Il est vrai aussi que l’inaction à laquelle sont condamnés mes gens est pour quelque chose dans cette surexcitation des esprits ; aussi faisons-nous nos préparatifs pour demain.

Je me rends à bord du Son-tay jusqu’à la douane, située un peu au-dessus de notre mouillage et où stationnent des radeaux de bois qui attendent un acquéreur. Je prie le mandarin de cette douane de me vendre de ce bois ; il s’exécute par peur, mais il le fait d’assez mauvaise grâce, je le lui paye plus qu’il ne me demande.

15 décembre. — Départ de l’expédition à 10 heures du matin pour descendre le Thaï-binh et remonter au fleuve Rouge par le Gua-loc. Vers 1 heure et demie, le Lâo-kaï touche en passant les îles à la hauteur de Haï-