Page:Annales du Musée Guimet, tome 1.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée
122
VISITES DES BOUDHAS DANS L’ÎLE DE LANKA

19. Et à cet instant partout dans l’île pleuvaient les ondées, et les fontaines, les écluses, les rivières et les canaux se remplissaient ; et des torrents impétueux d’une eau rafraîchissante couraient à grands flots dans toutes les directions, comme s’ils étaient enflés de colère et cherchaient à découvrir dans ses retraites leur mortel ennemi, la chaleur.

20. Et le Bouddha, ayant ainsi éteint la chaleur par un déluge extraordinaire, fit cesser la pluie, et alors à la vue de tous les êtres vivants, il se dressa au sommet du rocher, semblable à une statue d’or, et entra dans l’État de Samapatti[1] de Kasina aqueux[2] et, faisant jaillir de son corps des courants d’eau, il guérissait le peuple. Et tous les habitants de l’île, pleins de joie en voyant s’accomplir ce miracle, se l’assemblèrent autour du Bouddha et l’adorèrent, se plongeant dans les rayons qui émanaient des ongles de ses orteils, et le portèrent dans leurs bras vers le bois sacré Maha-anoma.

21. En ce même jour, le Bouddha prit possession du bois par un tremblement de la grande terre et fit son repas ; et quand il eut fini, il répandit sa doctrine et affranchit de la transmigration trente mille âmes. Dans la soirée, ainsi qu’il a été raconté précédemment, il décida dans son cœur et par son pouvoir divin fit, comme il a déjà été dit, détacher d’elle-même a branche méridionale de son Figuier sacré, par l’intermédiaire du roi Sobhana, de la cité de Sobhana ; cinq cents prêtresses, précédées de la sainte prêtresse Kanokadatta, apportèrent cette branche et il la fit planter per le roi Samidha ; et, s’asseyant au lieu de Loamahapaya, qui en ce temps s’appelait Nayamalaka, il enseigna sa doctrine. Puis ayant accordé à vingt mille personnes les avantages des Chemins de Nirvana[3], il alla s’asseoir au lieu de Thou-

  1. Action d’entrer en méditation parfaite.
  2. Pouvoir qu’avait Bouddha de faire jaillir de son corps des torrents d’eau.
  3. Nirvâna est l’extinction ou annihilation de l’existence et par suite des maux ; c’est en quelque sorte le paradis des bouddhistes. Sakyamouni (appelé aussi Gautama) a indiqué les quatre chemins ou degrés de perfection à parcourir pour atteindre ce summum bonum de la religion bouddhique.

    Ces chemins ou états sont :

    I. Srotopatti, état de ceux qui ont étudié et comprennent les quatre vérités : 1° le chagrin est inséparable de tous les états de l’existence ; 2° les hommes ne sont attachés à l’existence que par leurs désirs sensuels ; 3° les moyens de dompter les passions ; 4° l’état préparatoire au Nirvâna, dans lequel toutes les passions sont domptées et l’attachement à l’existence détruit.

    II. Sakradagami, état de ceux qui sont si avancés en perfection qu’ils n’ont plus à naître qu’une seule fois.

    III. Anâgâmi, état de ceux qui sont arrivés à l’affranchissement de l’existence mondaine.

    IV. Arhat ou entière conquête des passions et émancipation de l’être.