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RAPPORT AU MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE

lui de connaître plus à fond les domines bouddhiques, et de rectifier d’une manière plus complète les croyances shintoïstes.

C’est donc dans des circonstances très opportunes que j’ai entrepris ma mission.

D’une part, le clergé bouddhique redoutait de nouvelles suppressions de sectes, ou craignait de voir encore quelques-uns de ses temples fermés, et non seulement il mit beaucoup de complaisance à me donner tous les renseignements qui m’étaient nécessaires, mais il voulut que les réceptions qui m’étaient faites dans les sanctuaires aient lieu avec un grand éclat et une pompe tout à fait princière.

D’autre part, le Shin-to, qui est la religion officielle, se mit en devoir de lutter de magnificence et de bonne volonté avec la croyance rivale.

J’ai visité, dans ces conditions exceptionnelles, les grands temples de Nikko, de Tokio, d’Ishè et de Kioto, ainsi que ceux qui sont échelonnés sur la route appelée Tokaïdo.

Dans les superbes monuments de Nikko, les prêtres bouddhiques célébrèrent, à l’occasion de mon passage, une grande cérémonie religieuse avec procession, offrande de fleurs, etc.

À Kioto, M. Makimoura, gouverneur de cette ancienne capitale des mikados, fit organiser de véritables conciles, six pour les sectes bouddhiques et un pour le Shin-to.

Dans ces réunions, les savants docteurs répondirent de fort bonne grâce à toutes mes questions, me firent présent de livres religieux et d’objets sacrés, m’indiquèrent les ouvrages que je devais me procurer pour bien connaître leurs idées, et rédigèrent des réponses simples et claires à des demandes que je leur laissais par écrit, sur la création, l’intervention divine la prière, les miracles, la vie future et la morale.

Ces conciles avaient toute la solennité des cérémonies religieuses et officielles ; ils se sont tenus dans les sanctuaires mêmes ou dans les chambres impériales. Je citerai particulièrement les réceptions des sectes Zen-siou et Hokké-siou, la réunion shintoïste qui se termina par une cérémonie en l’honneur de Ten-Man Grou, le dieu lettré, et le grand concile Sin-siou qui dura un jour entier, en présence d’un clergé considérable, et eut lieu dans le célèbre et ravissant pavillon du Siogoun Taï-Ko.