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du karman et à jamais affranchi. À ce titre c’est une pure intelligence, libre de passions et de désirs, indépendante de la matière. C’est l’infinie connaissance, l’infinie pureté et l’infini bonheur. Suivant l’antique doctrine toute âme pouvait espérer une telle condition. Peut-être, à bien examiner le problème, n’en est-il pas autrement encore aujourd’hui. Néanmoins l’idée séculaire et familière à l’Inde de Brahma conçu comme dieu suprême, un et universel, a pénétré peu à peu le Jaïnisme. Un adepte moderne de cette religion, avec M. Rickhah Dass Jaini, dira que a le jîva et Brahma sont un aussi bien que distincts : un, eu égard au pouvoir qu’ils possèdent ; distincts, par rapport à la manifestation de ce pouvoir ».

Ainsi, d’une façon insensible, au cours des âges, le Jaïnisme s’est rapproché de la seule religion que l’Inde ait possédée et de laquelle un souffle de réforme l’avait fait sortir : le Brâhmanisme. Vieux de plus de vingt-cinq siècles, il est à l’heure actuelle plus près du Brâhmanisme qu’au premier jour. Les Jaïns se réclament de la qualité d’Indous. Ils sont, en effet, et plus qu’il ne leur semble sans doute, des Indous, dans l’acception religieuse du terme.


VII

Si l’introduction du culte dans le Jaïnisme fit perdre à la doctrine quelque peu de sa pureté primitive, ce fut d’autre part, au point de vue artistique, un réel avantage. Le culte permit en effet un développement considérable de l’architecture. Parmi les temples si nombreux et si beaux de l’Inde, les temples jaïnas sont les plus remarquables.

L’architecture jaïna a pour caractéristique l’élégance et la légèreté. Elle fut florissante surtout au xiie siècle, et c’est de cette époque que datent les monuments les plus achevés.