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saire. Un concile fut assemblé à Pâṭaliputra, la ville actuelle de Pâṭṇâ. On réunit alors ce qui restait des Pûrvas dans un douzième Aṅga.

Dans l’intervalle, Bhadrabâhu était mort, en 357 av. J.-C., dans le pays Canara, et la famine avait cessé en Magadha. Les Jaïns qui s’étaient exilés reprirent le chemin de leur patrie. Ayant vécu dans une région plus clémente, ils avaient respecté le dogme de la nudité absolue imposé par Mahâvîra. Leurs coreligionnaires du Nord, au contraire, par suite de la température et des circonstances, s’étaient trouvés dans l’obligation de transgresser cette règle : ils avaient adopté le vêtement blanc. La différence entre les deux fractions de l’ordre jaïna était ainsi devenue manifeste. Elle aboutit au schisme entre les Digambaras, ceux qui sont « vêtus de l’espace », c’est-à-dire ceux qui vont nus, et les Śvetâmbaras, qui sont « vêtus de blanc ».

Cet événement se serait accompli en l’an 79 ou en l’an 82 de l’ère chrétienne, suivant l’une ou l’autre secte. Il faut sans doute entendre qu’à cette date la scission fut regardée comme définitive. Car, en fait, de tout temps le port de certains vêtements avait été permis aux membres de la Communauté dont la santé était débile. De plus il est bien évident que Mahâvîra n’avait pu plier tous ses adeptes à la règle de la nudité absolue, qu’il considérait comme un des points fondamentaux de son rigorisme. Un grand nombre de Jaïns étaient à cet égard restés fidèles à la doctrine de Pârśva qui permettait un minimum de vêtements. De la sorte les Śvetâmbaras peuvent être considérés comme perpétuant l’antique religion de Pârśva, tandis que les Digambaras représentent les Jaïns proprement dits, les disciples de Mahâvîra.

Quoi qu’il en soit, le schisme entre les deux sectes ayant été consommé vers l’an 80 de notre ère, les Digambaras refusèrent de reconnaître la collection de livres sacrés admise