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La morale jaïna est tout entière contenue dans les cinq vœux suivants :

1o  Ne rien mettre à mort de ce qui vit. C’est le célèbre vœu de l’ahiṃsâ ;

2o  Ne pas mentir (sûnṛta) ;

3o  Ne rien prendre qui ne soit donné (asteya) ;

4o  S’abstenir de relations sexuelles (brahmacarya) ;

5o  Renoncer à toute chose et ne rien considérer comme sa propriété (aparigraha).

La pratique de ces cinq grands vœux est facile en apparence ; mais dans le fait elle correspond à un ascétisme si sévère, qu’on en chercherait en vain l’équivalent dans une autre religion.

Le moine jaïna, dans une formule solennelle, a juré le quintuple serment exigé de lui. Il est devenu membre de la Communauté. Alors une condition nouvelle commence pour lui. Il devient indifférent à la joie comme à la peine, à la vie comme à la mort. Il se défait de son bien. Il abandonne son foyer, sa famille, sa patrie. Couvert d’un manteau sordide, le vase à aumônes à la main, il s’en va en des lieux étrangers mendier sa subsistance quotidienne. Sauf en des cas de nécessité majeure, il ne doit jamais s’attarder plus d’une nuit au même endroit. Un voile sur la bouche le protège contre le meurtre éventuel des intimes animaux. Pour la même raison il filtre l’eau dont il s’abreuve et balaye la place où il se repose. Il s’abstient de bains et de toute toilette. Il apporte la plus grande attention à ses mouvements. Il surveille ses paroles et maîtrise les sentiments qui pourraient provoquer chez lui ou chez ceux qui l’approchent des actes meurtriers. Doux envers les animaux, il respecte les plantes et même les particules matérielles : elles contiennent une âme et sont pour lui sacrées.

Mais c’est surtout pendant la saison des pluies que le moine jaïna s’abandonne aux pratiques à la fois intérieures