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dharma, l’âme descend dans la hiérarchie des êtres ; elle devient l’âme d’un animal, d’un habitant des enfers, ou bien s’attache à une plante, à une particule élémentaire.

Le karman est donc pour l’âme une cause d’esclavage. Il resserre en quelque sorte les liens qui unissent l’âme à la matière et provoque ainsi, d’une façon indéfinie, la production de nouveaux actes. Cette condition est douleur. Aussi le sage qui s’est rendu compte des causes de la douleur doit-il s’appliquer sans cesse à en diminuer l’action, à en combattre les effets. Il doit maîtriser ses sens et détruire en lui les passions : il doit, en un mot, supprimer l’activité. De la sorte il empêche le karman de se reformer, il en anéantit les conséquences.

L’ascétisme : telle est donc la voie du salut. Alors se brisent définitivement les liens qui enchaînent l’âme à la matière. Le principe vivant, jîva, réalise d’une façon pleine et entière son attribut, la connaissance. L’âme atteint à la Délivrance, mokṣa ; elle s’en va habiter le ciel situé au delà des limites du monde. C’est le Nirvâṇa : la vie absolue et parfaite, sans entrave et sans douleur, où l’âme est pure intelligence.

« Il est, dit en termes poétiques l’Uttarâdhyayana sûtra, dans cet admirable chapitre XXIII que nous avons déjà rappelé, il est une place sûre, mais difficile à atteindre, où il n’y a ni vieillesse ni mort, ni peine ni maladie. (§ 81)

C’est ce qui est appelé Nirvâṇa, ou libération de la peine, ou perfection ; c’est la place sûre, heureuse et paisible qu’atteignent les grands sages, (§ 83)

C’est la place éternelle, mais difficile à atteindre. Ces sages qui l’atteignent sont libérés des chagrins ; ils ont mis un terme au cours de l’existence. » (§ 84)

La morale. — La vraie connaissance indique la voie de la Délivrance ; le troisième joyau, la vraie conduite, en permet la réalisation.