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plus célèbres. C’est la doctrine du « peut-être », du syâdvâda, qui s’oppose au dogmatisme absolu, astivâda, du Brâhmanisme, comme à la théorie du vide ou du néant, śûnyavâda, des Bouddhistes.

D’après cette doctrine, tout prédicat n’est que l’expression d’une simple possibilité. Il est donc permis, à un seul et même moment, d’affirmer ou de nier le prédicat par rapport au sujet. Aussi sept modes d’assertion (saptabhaṅgînaya) sont-ils légitimes.

Nous pouvons en effet :

1o Affirmer l’existence d’une chose à un point de vue, syâd asti ;

2o Ou bien la nier à un autre point de vue, syân nâsti ;

3o Affirmer et nier à la t’ois l’existence d’une chose relativement à des époques différentes, syâd asti nâsti ;

4o S’agirait-il d’affirmer à la fois l’existence et la non-existence d’une chose sous le même rapport et au même moment, alors on ne saurait parler de cette chose, syâd avaktavyaḥ.

De même on ne saurait, dans certaines circonstances, dire d’une chose :

5o Ou qu’elle existe, syâd asty avaktavyaḥ ;

6o Ou qu’elle n’existe pas, syân nâsty avaktavyaḥ ;

7o Ou enfin qu’elle existe ou n’existe pas tout à la fois, syâd asti nâsty avaktavyaḥ.

Quel est maintenant l’enseignement du Jina ? De quelles vérités faut-il se pénétrer pour connaître la voie de la Délivrance ?

L’univers, c’est-à-dire l’ensemble des mondes et tout ce qu’ils renferment, est incréé et éternel. Il est constitué par deux sortes de substances :

D’une part jîva, le principe vivant, l’âme ;

D’autre part l’ajîva, qui se subdivise en cinq espèces :