Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 22-23.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est sous un arbre śâla, un teck, qu’il serait parvenu à l’illumination.

La connaissance. — Donner sa foi au Jina est une des conditions de l’affranchissement. Mais, pour essayer d’atteindre à la Délivrance, il faut comprendre sans erreur les vérités enseignées par le Jina, autrement dit posséder la vraie connaissance.

Celle-ci comporte cinq degrés :

1o  La perception directe, mati. C’est la connaissance que nous obtenons à l’aide de nos sens et qui nous renseigne sur les propriétés des choses, les couleurs, les odeurs, les sons, etc.

2o  De ces données sensibles nous pouvons tirer, par inférence, d’autres éléments de connaissance : c’est la connaissance claire, dite śruta.

3o  L’avadhi, ou connaissance déterminative, constitue un degré déjà supérieur. Les sens n’y jouent aucun rôle. L’âme seule, de son propre pouvoir et sans aucun intermédiaire, connaît des objets qui occupent une situation définie dans le temps et dans l’espace. C’est grâce à l’avadhi, par exemple, que les sages savent ce qui s’accomplit en des lieux éloignés, ont la notion d’événements futurs, etc.

4o  La connaissance du quatrième degré est d’un genre analogue. C’est le manaḥparyâya, qui permet de saisir la pensée d’autrui.

5o  Enfin le degré suprême est l’omniscience, kevala. C’est la connaissance absolue et parfaite, sans limitation, à laquelle n’échappent ni le présent, ni le passé aussi reculé qu’il puisse être, ni l’avenir le plus lointain. Cette science est celle que possèdent les Jinas.

En ce qui concerne la métaphysique de la connaissance, les Jaïns ont élaboré un système d’une très vive originalité et qui laisse loin derrière lui les méthodes sceptiques les