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Le Néflier, plus irrégulier encore dans sa végétation que le coignassier, refuse absolument de se soumettre à une forme quelconque. Pour l’empêcher de devenir trop tortueux, on lui donne de bonne heure un tuteur assez solide. Des fleurs terminant les petits rameaux qui garnissent les branches, sont aussi un obstacle à la taille, qui détruirait la récolte. Il n’y a donc lieu à employer la serpette que pour le mettre à tige, après quoi on l’abandonne à la nature, en prenant soin seulement de le nettoyer de son bois mort et des fruits avortés et restés au bout des branches.

C’est un arbrisseau à placer dans les lieux agrestes, où la nature du sol refuse à nourrir tout autre arbre fruitier plus précieux.

Le genre ne contient qu’une espèce fruitière unique ; c’est le Néflier commun ou des bois ; il a produit plusieurs variétés, entre autres le Néflier à fruit sans noyaux et le Néflier à gros fruit ; ce dernier est le meilleur et le plus recherché.

Le Néflier commun ou des bois est de médiocre grandeur. Le tronc, peu volumineux, est tortueux, à rameaux irréguliers, souples, pubescents dans leur jeunesse, d’un brun fauve en vieillissant et ordinairement épineux. Les épines sont fortes, courtes et ordinairement aiguës. Les feuilles sont alternes, lancéolées elliptiques, entières ou seulement dentées au sommet, vertes en dessus, tomenteuses en dessous, à pétiole court, cotonneux, ayant à sa base deux stipules ovales et caduques. Les yeux sont bruns, pointus et appliqués contre les tiges. Les fleurs sont blanches, solitaires et terminales, à pédoncule court, ferme, cotonneux. Le calice est à cinq segments foliacés, velus, surtout à la base, persistant et couronnant le fruit, qui est petit, plat et presque sphérique.


Néflier cultivé à gros fruit.

(Duhamel.)
Mespilus macrocarpa. (Decand.) — Synonymies : Néflier à très-gros fruit ; Néflier monstrueux.
(Spécimen récolté sur une tige cultivée dans un sol sablonneux.)

Ce Néflier, ainsi que nous l’avons dit plus haut, est une variété du Néflier commun ou des bois.

Les tiges, plus fortes et plus élevées que dans le type, n’ont point d’épines et poussent plus régulièrement. Les feuilles, plus larges presque du double, sont rarement dentées. Les folioles du calice sont aiguës et longues de 27 à 30 millimètres et couronnent également les fruits. Les yeux sont petits et les boutons à fruits assez gros et pointillés de gris.

Les fruits sont gros du double au moins du Néflier commun ou des bois. Ils sont sur l’arbre d’une couleur vert-grisâtre. Ces nèfles, tant qu’elles n’ont pas acquis la parfaite maturité, ont une saveur acerbe qui les fait repousser ; ce n’est que lorsqu’elles sont blettes qu’elles deviennent mangeables. On les cueille vers la fin d’octobre, et on les étale sur la paille dans un lieu sec. Les grosses nèfles mûrissent plus difficilement que les petites : pour hâter et régulariser leur maturité, on les roule dans un drap, ce qui les rend blettes également à la surface et à l’intérieur ; autrement, celui-ci est mûr quand le pourtour est encore vert.

Cette variété, qui se cultive comme le Néflier commun, n’est guère plus difficile sur l’exposition et la nature du terrain, et ne demande aucun soin particulier.

L. de Bavay.