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réniformes déclarées jusqu’alors exclusives l’une de l’autre. Il pose, sans la résoudre, la question de savoir s’il ne conviendrait pas de créer un quatrième groupe pour réunir les pêchers dont les feuilles offriraient des glandes ainsi conformées.

La pêche est l’un des fruits les plus intéressants ; malheureusement, sa culture a besoin chez nous de beaucoup de précautions. C’est principalement parmi les fruits de la première section (les pêches proprement dites), et surtout parmi les plus hâtives, qu’il faut choisir les variétés à cultiver. Les Pavies et les Violettes réussissent mal, et parmi les brugnons, deux ou trois seulement offrent quelques avantages.

Le pêcher se greffe sur amandier, sur prunier et sur franc (le franc, c’est la pêche de noyau). L’amandier à amande douce et à coque dure est celui que l’on préfère généralement en France, où on ne le rebute que pour les terrains qui sont exposés à être submergés ; mais en Belgique, la végétation trop prolongée de l’amandier l’expose à être frappé par les premières gelées.

Le choix des pêchers à planter est fort important, et quelle que soit l’espèce, on ne doit jamais admettre que des arbres sains, dont l’écorce soit claire et vive et la tige convenablement munie d’yeux à sa base. La grosseur est un point secondaire, parce qu’elle est relative à la vigueur de l’espèce, et que d’ailleurs des tiges comparativement plus minces donnent des résultats tout aussi bons.

Chez nous, le pêcher ne peut guère réussir qu’adossé à un mur chaperonné et protégé par des auvents ou paillassons. Il lui faut l’exposition du midi dans les sols froids, et du levant dans les terrains chauds et légers. Quant aux variétés tardives, elles ne mûrissent pas toujours, même au midi, et encore sont-elles rarement bonnes.

Il importe, pour le succès dans la culture du pêcher, d’en bien connaître la végétation. Le développement en est plus restreint à mesure qu’il s’avance vers le nord. Sa végétation commence avec les premiers beaux jours du printemps, et, comme les fleurs précèdent l’apparition des feuilles, les gelées tardives leur sont très-funestes : de là, la nécessité des abris dont nous avons parlé. Une fois la végétation commencée, elle est incessante jusqu’au mauvais temps de l’automne, sauf les arrêts que peuvent apporter les intempéries printanières. C’est cette vie, continuellement active, qui impose au cultivateur de pêchers une grande surveillance, pour remédier aux désordres que peuvent entraîner à chaque instant, dans notre climat, les variations subites de température.

À mesure que les feuilles deviennent adultes, ce qui a lieu successivement de mai en août, il se forme dans leur aisselle des yeux ou boutons qui restent le plus souvent stationnaires jusqu’au printemps suivant. Quelquefois cependant des yeux ou gemmes, toujours rapprochés du sommet de bourgeons vigoureux, s’ouvrent par anticipation, et prennent le nom de faux bourgeons ou de bourgeons anticipés.

Ces productions sont de deux sortes, l’une à bois, l’autre à fleurs. L’œil à bois donne naissance à un bourgeon qui peut devenir un arbre. Le bouton à fleurs ne peut produire que du fruit ; il ne naît, sauf de rares exceptions, que sur du bois d’un an ; d’où la nécessité d’en faire produire chaque année de cette nature pour remplacer celui qui a fructifié.

Nous n’avons pas l’intention d’entrer dans les détails de la taille. Nous dirons toutefois que les formes que nous conseillons pour le pêcher, sont l’espalier carré, l’espalier en U, l’espalier à la Montreuil ou en éventail.

Le mois d’août est la meilleure saison des pêches en Belgique ; celles qui doivent mûrir dans la seconde quinzaine de septembre, et qui ne mûrissent pas toujours à point, sont loin de leur être comparables.

La maturité des pêches s’annonce, en général, par la teinte jaune qu’elles prennent sur le côté qui est resté à l’ombre. Pour les cueillir, on les saisit avec précaution et elles doivent rester dans la main, si elles sont à point ; si l’on cueille un jour ou deux avant la parfaite maturité, on les tourne un peu avec la main. On ne doit jamais s’assurer de la maturité par le toucher, parce que la moindre pression laisse une tache sur le fruit. Après la cueillette des pêches, on les dépose, avec précaution, et chacune enveloppée séparément de feuilles de vigne, dans un panier plat, sur un lit de ces mêmes feuilles. On les manie le moins possible, et l’on a soin de les brosser légèrement, pour les débarrasser de leur duvet.