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premier coulant de chaque pied, et qui a eu cinq mois de végétation, est très-vigoureux, souvent même il a donné quelques fruits en août ou septembre ; aussi ne souffre-t-il aucunement de la transplantation ; il a d’ailleurs tout le mois d’octobre pour assurer sa reprise et acquérir une force plus grande afin de résister aux intempéries de l’hiver. On lui donne, après la plantation, une mouillure proportionnée à l’état de la terre. Il suffit ensuite de le couvrir de paille longue, pour le garantir des gelées ; et il arrive ainsi au mois d’avril, époque où ont lieu le sarclage, le binage et la mise en terre, dans l’intervalle de ses pieds, des pots destinés à recevoir le premier nœud de ses coulants, qui constituera le plant à mettre en place en octobre suivant.

Nous devons faire remarquer que cette méthode donne des résultats égaux à ceux de trois planches de l’ancien mode de culture. Elle sauve les jeunes pieds de l’atteinte des vers blancs qui, comme on le sait, en sont très-friands ; enfin, elle n’occupe le terrain que jusqu’à la fin de septembre pour les fraisiers remontants, et jusqu’à la fin de juillet pour les espèces qui ne fructifient qu’une fois ; et ce terrain ne demande, pour recevoir une autre culture, qu’un simple labour à la bêche.

On doit avoir soin de mettre au mois d’avril plus de nœuds qu’il n’en faut pour la plantation de l’automne suivante. Ces jeunes fraisiers sont excellents pour être chauffés, et d’ailleurs il est rare qu’au mois d’avril il n’y ait pas nécessité de remplacer quelques pieds morts de la plantation d’automne.

Les jeunes pieds des espèces non remontantes qu’on relève à la fin de juillet, pour débarrasser la planche, doivent être enterrés de nouveau, avec leur pot, dans un lieu frais, pour y attendre le mois d’octobre, qui est pour eux aussi l’époque de la plantation. On conserve de même les pots nécessaires aux remplacements éventuels, avec la précaution de les couvrir d’un paillis pendant l’hiver.

Les fraisiers qui ne fournissent pas de filets ou coulants, sont, comme nous l’avons déjà dit, multipliés par éclats enracinés du pied, et par les œilletons qui se forment sur les touffes. Il suffit de séparer les uns et les autres de façon que chaque fragment conserve quelques racines. La plantation se fait en planche ou en bordure, en laissant très-peu d’intervalle entre les multiplications.

On peut chauffer, sur place, les fraisiers plantés en automne, en couvrant la planche d’un coffre et de panneaux, qu’on entoure de réchauds. Le point essentiel est de donner le plus d’air et de lumière possible. En réunissant les fraisiers en pots, on obtient le même résultat. Il va sans dire que la terre des pots doit être binée et arrosée au besoin. On peut enfin distribuer de ces pots sur toutes les places vides des tablettes des serres chaudes les plus rapprochées des vitraux, condition essentielle pour assurer la fructification.

Les fraises, qui paraissent ne pas avoir été connues des anciens, sont aujourd’hui un fruit fort estimé et très-recherché. Malheureusement, il est très-difficile de le conserver longtemps dans son état naturel ; c’est par le procédé Appert que l’on conserve assez bien son arôme pour pouvoir le communiquer à diverses préparations des arts du confiseur et du glacier. La fraise est l’un des fruits auxquels s’applique, avec avantage, la culture forcée.

Suivant l’avis de Linné, l’usage des fraises est très-favorable aux goutteux.


1. Fraisier Princesse Royale. (pelvilain.)

Cette variété a été obtenue en 1844, au château de Meudon, par M. Pelvilain, qui en était le jardinier en chef, et dédiée à madame la duchesse d’Orléans. Elle appartient à la section des ananas ; elle est très-favorable à la culture forcée, et elle donne, en abondance, de beaux fruits.

Feuilles radicales, à pétioles longs de 20 à 22 centimètres, à peine velus ; trois folioles égales, longues de 9 centimètres sur 5 ou 6 de largeur, d’un beau vert et à dentelure ronde mucronée.

La plante fournit beaucoup de coulants.

Fruit gros, turbiné, à pointe obtuse, de 5 centimètres de hauteur sur 12 de circonférence, de couleur rouge foncé et à chair très-pleine ; saveur peu relevée.