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manière dont Duhamel les a présentés. Il faudrait que des caractères bien déterminés fussent appliqués à chacun de ces groupes, et peut-être obtiendrait-on ainsi une classification régulière.

Le pommier est l’arbre des pays tempérés ; il y a prodigué ses fruits pendant plusieurs siècles avant d’être l’objet d’une culture soignée qui tendit à améliorer ses produits. Ce n’est guère que vers le siècle de Louis XIV qu’on voit les pommiers devenir l’objet de soins particuliers, et c’est sous Louis XV qu’on les dresse en contre-espalier, en vase, en gobelet, etc.

La pomme est un fruit très-sain, surtout quand elle est cuite. Les malades et les convalescents trouvent en elle le premier aliment que puisse digérer un estomac délabré par une diète prolongée. Nous avons vu que l’art du confiseur sait, dans un grand nombre de productions d’une extrême variété, tirer de ce fruit un excellent parti.

L’existence du pommier franc ou greffé sur franc est fort longue ; elle se prolonge au delà de 200 ans. Son bois a le grain fin, et, quand il a un certain âge, il est veiné de brun rougeâtre d’un assez bel effet.

Comme tous les arbres, il est exposé aux mêmes maladies et aux ravages des insectes qui se réfugient, en grand nombre, dans les crevasses de sa vieille écorce. Celle-ci se couvre de mousses, de lichens, de plantes parasites qui obstruent les pores et absorbent la séve. Un chaulage appliqué au printemps est un excellent moyen de raviver l’écorce et de la débarrasser des mousses et des insectes. Mais l’ennemi le plus redoutable du pommier est le puceron lanigère, qui vit exclusivement sur lui. Cet insecte, qui a fait irruption en Belgique depuis une vingtaine d’années, infeste rapidement les plantations ; c’est à lui qu’il faut s’en prendre de la perte de plusieurs bonnes variétés. On le combat par les moyens suivants : on gratte jusqu’au vif les exostoses ou protubérances qu’il fait naître sur les branches, dont il suce la séve, et l’on donne à toutes les parties grattées, comme à toutes celles où son duvet indique sa présence, une couche d’huile, la plus infecte possible, en se gardant bien toutefois d’en mettre sur les bourgeons. Cette opération doit se faire en hiver.


Pomme d’Api étoilée.

Pomme étoilée, Double Api, Belle fille[1].


Il paraît qu’à Rome les pommes étaient désignées par les noms des familles qui les avaient fait connaître. C’est ainsi qu’on citait les claudiennes, les mariennes, les manliennes, de Claudius, Manlius, Marius, etc. C’est pourquoi l’on attribue à un Romain du nom d’Appius le groupe des pommes d’api, qu’il fixa par la greffe.

La pomme d’api, qui nous occupe, mérite d’être plus propagée qu’elle ne l’est, à cause de sa forme à cinq côtes et de ses qualités, auxquelles Duhamel n’a pas, selon nous, rendu justice, ce qui a été défavorable à cette variété.

Cette pomme, qui, nous le répétons, mériterait d’être beaucoup plus cultivée, était très-estimée dans les pépinières des Chartreux de Paris, qui, jusqu’en 1789, furent en possession de fournir au public des fruits de choix et dont l’authenticité n’a jamais été douteuse. Dans un vaste jardin qu’ils possédaient aux Moulineaux, sous Meudon, près de Paris, ils entretenaient un grand nombre d’arbres fruitiers, parmi lesquels les pommiers d’api étoilé occupaient leur place. Ce fut vers 1830 que les derniers de ces arbres furent abattus, non toutefois sans avoir fourni une ample moisson de greffes, qui ont été recueillies par plusieurs pépiniéristes, et, entre autres, par MM. Jacquin aîné et Découflé, de Paris.

  1. Ce dernier synonyme, qui est le nom sous lequel est connue une pomme à cidre, nous paraît devoir être rejeté.