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On propage le framboisier par les drageons qui se développent sur les racines des vieux pieds. On les plante depuis novembre jusqu’en mars. On éclate aussi les touffes, dont on sépare les racines en autant de morceaux qu’on peut en trouver munis d’un ou de deux bourgeons. On plante les framboisiers en carré et on les sépare d’un mètre en tout sens. Ainsi plantés, ils rapportent pendant six ou sept ans, si l’on a soin, à chaque automne, de donner une fumure.

À la fin de chaque hiver, on supprime toutes les tiges qui ont fructifié l’année précédente, et qui périssent spontanément. On taille en même temps les jeunes tiges sur une longueur de 70 centimètres à 1 mètre, pour faire ouvrir tous les boutons maintenus, jusqu’à environ 30 centimètres du sol. Ils se convertissent tous en brindilles, qui s’allongent d’autant plus qu’elles approchent du sommet, se terminent par une grappe de fleurs et développent, sur leur longueur, des feuilles à l’insertion desquelles se forment d’autres grappes ; ces brindilles meurent après avoir fructifié. On ne doit pas cependant conserver toutes les jeunes tiges à chaque printemps, car on épuiserait les framboisiers : il suffit d’en laisser cinq ou six à chaque touffe. On donne ensuite un labour peu profond, pour ne pas endommager les racines, qu’on rehausse d’environ 3 centimètres de bonne terre.

On plante les framboisiers en terre légère, fraîche et un peu ombragée. C’est à l’exposition du nord qu’ils poussent avec le plus de vigueur ; mais leurs fruits n’y acquièrent ni saveur, ni parfum. On doit donc donner la préférence à celle du midi, pour les espèces bifères ou remontantes, et à celle du levant ou du couchant, pour toutes les autres.

Les framboises ne mûrissent pas toutes en même temps ; il est nécessaire d’en faire plusieurs cueillettes ; car celles qu’on laisse sur pied, après qu’elles ont atteint leur maturité, tournent promptement.

On ne sème le framboisier que pour en obtenir des variétés ; on en a obtenu ainsi de très-intéressantes.


Framboise Victoria.

Cette très-précieuse variété, qui nous vient d’Angleterre, doit être considérée plutôt comme la plus tardive du genre que comme remontante ; car elle produit trop peu au mois de juillet, tandis qu’elle est d’une très-grande fertilité depuis la fin d’août jusqu’en novembre.

Ce framboisier ne donne que sur les rameaux de l’année, qu’on obtient en rabattant le plant rez-terre au mois de mars. Il est le seul peut-être qui exige, pour bien développer ses fruits, une exposition à la fois ouverte et chaude.

Tiges cylindriques, d’un vert clair, rougissant sous l’action du soleil, peu aiguillonnées, à aiguillons espacés et grêles.

Feuilles ternées, blanches en dessous et garnies d’un duvet très-court, d’un vert foncé, à pétiole cylindrique à peine épineux. Les folioles sont cordiformes, pointues, à dents obtuses, à nervures saillantes en dessous, profondes en dessus ; ce qui fait paraître les feuilles adultes comme chagrinées.

Rameaux fructifères terminaux, cylindriques comme les tiges.

Fleurs blanches en grappes axillaires de trois à neuf, portées sur un pédoncule hérissé de petits piquants.

Fruits gros, rouges, nombreux depuis août jusqu’en novembre, peu velus, d’une saveur très-agréable, quoique acidulée.

L. de Bavay.