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DU SANG.

de nous pouvons prévoir que cet état ne peut pas se soutenir long-temps. Le sang accumulé dans le système veineux, trouverait, en y entrant, une somme de résistances supérieures à ce que doit être dans l’état naturel ; ainsi, au bout de quelque temps, l’équilibre entre et sera de lui-même rétabli ; mais l’une et l’autre quantités seront plus grandes que l’état de santé ne peut le comporter. Le mouvement de la masse sanguine sera revenu de lui-même à l’état d’uniformité mais la vitesse du sang sera augmentée au point où elle doit nécessairement troubler la marche de plusieurs fonctions naturelles ; la masse sera inégalement répartie entre les deux systèmes ; et, tant que l’équilibre de ces deux forces se maintiendra, on voit que l’égale répartition ne saurait se rétablir d’elle-même. Les symptômes de la pyrexie resteront ; seulement ils n’augmenteront plus. L’accès sera parvenu à son maximum. Alors doit approcher le moment décisif qui doit prononcer sur le sort du malade. Il survient quelques signes précurseurs du changement qui se prépare. Il doit, en effet, arriver de deux choses l’une, attendu que l’une des deux forces doit, à la fin, l’emporter sur l’autre. La marche des maladies nous fait voir, ou du moins elle rend très-probable que, pour arriver à une fin salutaire, il doit se faire un changement dans la mixtion même de la masse sanguine. C’est ce que les plus anciens maîtres de l’art ont désigné par le nom de coction, terminée par la crise. Elle s’annonce ordinairement par des frissons, et par plusieurs symptômes auxquels on reconnaît l’état négatif de la fièvre ; et cela doit être ainsi, attendu que, pour passer de l’état positif à celui de zéro, il faut bien que la nature prenne une marche rétrograde. La crise se termine par des évacuations appelées critiques, et qui donnent une preuve assez évidente du changement de mixtion qui s’opère dans la masse même du sang. Elle a visiblement pour son double but, d’opérer une répartition égale de la masse sanguine dans tous les vaisseaux du corps, et de rétablir l’équilibre, indispensable dans l’état de santé, entre la force vitale des artères et la somme des résistances.