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DU SANG.

dans le cas de L’un et l’autre des deux états opposés font naître les symptômes que de tous temps on a désignés par la dénomination générale de fièvres. Les deux classes opposées ont été parfaitement reconnues ; mais on ignorait la cause physique de cette différence, laquelle pourtant est géométriquement démontrée, et susceptible d’être énoncée par une équation différentielle fort simple.

20. Il est assez naturel de désigner les mouvemens fébriles de la première classe par la dénomination d’état positif, et ceux de la seconde par celle d’état négatif ; attendu que la différence de l’une à l’autre est effectivement celle du plus au moins, du positif au négatif. Les dénominations de fièvre positive et de fièvre négative seraient toutefois assez impropres. On se sert du mot fièvre pour désigner la maladie entière, dont chaque accès est souvent marqué par des symptômes qui annoncent alternativement l’un ou l’autre des deux états. C’est ainsi que chaque accès de la fièvre intermittente ordinaire commence toujours par le frisson, qui porte tous les caractères de ce que nous avons nommé état négatif ; il est suivi par la seconde période qui est celle de la chaleur, et dans laquelle on reconnaît le passage du négatif au positif ; vient enfin la crise de l’accès, qui rétablit tout dans l’état naturel d’égalité entre la force vitale des artères et la somme des résistances,

21. La fièvre n’est donc jamais une maladie du cœur lequel, uniquement destiné à donner à l’onde la première impulsion, ne peut prendre aucune part aux variations de vitesse qu’elle peut éprouver dans son cours. Elle ne dépend pas non plus de la vitesse absolue du sang, très-variable en elle-même, et affectée par les causes les plus légères. Un exercice quelconque du corps, plus long-temps soutenu que de coutume ; une passion un peu violente ; un excès quelconque commis dans l’usage des alimens, etc., provoquent une vitesse augmentée du sang, un pouls plus fréquent que de coutume, et un accroissement de chaleur ; mais personne ne sera tenté de désigner cet état par le nom de fièvre. Tant que subsistera l’égalité entre la somme des forces vitales et celle des résistances, le mou-