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DU SANG.

calcul. Il est indifférent encore que les degrés de vitesse, communiqués par les deux ventricules aux deux ondes de sang, soient égaux ou inégaux entre eux.

6. L’onde de sang lancé dans l’aorte, y éprouve, dès son entrée, l’action des différentes forces retardatrices dont on peut voir le dénombrement dans les ouvrages de nos célèbres physiologistes, et dont l’effet va en augmentant depuis le tronc de l’aorte jusques au plus petits rameaux artériels, et augmente encore pendant le retour par le système veineux. On aura donc ce qui donne Ainsi donc la vitesse du sang au bout du temps sera égale à la vitesse initiale de l’onde, moins une certaine fonction du temps qui nécessairement va en augmentant. Il résulte de là qu’indépendamment des forces accélératrices, la vitesse initiale de l’onde ne saurait être conservée : que son mouvement, bien loin d’être uniforme, serait bientôt épuisé ; et que, dans des intervalles de temps égaux, il ne pourrait jamais passer des quantités égales de fluide par une section donnée du système.

7. Cependant la condition d’un mouvement uniforme du sang est indispensable au maintien des forces qui, dans l’état d’une santé parfaite, peuvent seules présider à toute cette classe nombreuse de fonctions animales qui dépendent de sa circulation entièrement libre. Il est essentiel qu’à chaque battement du cœur, les deux oreillettes reçoivent des deux troncs veineux des quantités de sang rigoureusement égales à celles que les deux ventricules lancent dans les deux troncs artériels ; il est essentiel, de plus, que cette égalité ait lieu pour chaque partie du corps en particulier ; sans quoi la quantité de sang que cette partie doit contenir, dans l’état de santé, ne saurait rester la même. Galien, à qui la circulation du sang était inconnue, définissait fort bien l’inflammation par sanguinis influxus copiosior quam pars postulat, et il avait raison. Cet influxus copiosior est l’effet fort naturel d’un mouvement accéléré du sang, à son entrée dans la partie. Il peut y avoir de même un mouvement retardé ; et, quoique Galien n’en parle pas aussi clairement, on voit qu’il doit