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madame de verdelin

« J’ai une lettre, mon cher Rousseau, de Bruxelles, du 20 courant, par laquelle j’apprends, lui écrit Rey, qu’on n’y a pas encore reçu les balles de votre ouvrage. Je suis d’une inquiétude extrême. Si cela dure encore quelques jours je ne sais ce que je ferai. Je suis de cœur avec vous ».

La marquise de Verdelin s’inquiétait, elle aussi, du sort de l’expédition :

« Vous me parlez de la « Julie » lui écrit Rousseau, le 28 décembre, et moi j’ai bien peur d’avoir le petit mérite d’un petit présent qui ne vous parviendra pas. Cette édition devait revenir par terre et non seulement elle n’arrive point, mais mon libraire qui est actuellement à Paris, me marque que le 20 de ce mois on n’en avait point encore de nouvelles à Bruxelles. Pour moi, je soupçonne que, pour économiser sur le port, il a fait son envoi par mer, que le vaisseau a été pris par les Anglais et qu’au lieu d’ennuyer les dames de Paris, la Julie ennuie actuellement les dames de Londres. Ce qui me confirme dans ce soupçon est un article de la Gazette de Londres, où l’on annonce une traduction anglaise de cette rapsodie, comme prête à voir le jour. A la bonne heure L’éditeur sera plus heureux que sage s’il n’est sifflé que de loin »[1].

En attendant, malgré l’apparence qu’il se donne, Jean-Jacques commençait à être inquiet de son ouvrage. Le maréchal de Luxembourg essaie de le rassurer :

« Je m’impatientais de la lenteur de votre libraire et de ne point voir paraître Julie, mais je suis furieux contre

  1. Correspondance générale. T. V, p. 307.