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ment que jamais ses inquiétudes. La petite altération qu’il a vue dans mon humeur l’a éclairé de nouveau. Des visites peu fréquentes dont il sera toujours témoin, puisqu’il sera longtemps sans sortir, ramèneront peut-être le calme je le souhaite plus pour lui que pour moi. Bonsoir mon voisin, je n’abuserai pas de la permission que vous me donnez de vous parler quelquefois de moi je vous demande seulement celle d’envoyer demander de vos nouvelles à Mlle Levasseur. Voulez-vous bien qu’elle trouve ici mes compliments très tendres »[1].

Comme cette lettre nous révèle l’enfer que devait être ce ménage si mal assorti Comme elle nous montre l’état d’esprit de ce vieux barbon toujours tourmenté, toujours épiant sa jeune femme Nous n’avons pas la réponse que fit Rousseau à de telles confidences, si toutefois il fit une réponse écrite. Mais il dut consoler son amie, comme il savait le faire, puisque, quelques jours après, le ton des lettres de Mme de Verdelin devenait plus gai « Votre dernière lettre m’a fait mourir de rire, lui écrit Jean-Jacques, en me représentant ce pauvre La Condamine et son grand chapeau, saisi au collet et prêt à être bien fessé dans la boutique aux miracles. Votre lettre m’a donné de la gaîté pour un mois[2]. » La lettre de Mme de Verdelin ne nous est pas parvenue et nous ignorons l’aventure qu’elle racontait. La Condamine était un sage. Atteint de surdité, n’avait-il pas l’esprit d’écrire cette épigramme le jour de sa réception à l’Académie :

  1. Correspondance générale. T. V, p. 45.
  2. Correspondance générale. T. V, p. 56.