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madame de verdelin

Confiante, elle s’était abandonnée, parant l’élu, comme toujours, de toutes les perfections que ne comporte point l’humaine nature. Sept ans ont passé, la déception arrive. L’affection pourra-t-elle survivre au désenchantement ? « Soit pitié, soit amitié > que lui importent désormais les apparences ? Cherchant une diversion à sa douleur, elle s’épanche dans le cœur de Jean-Jacques qui va devenir son directeur de conscience et recevoir ses confidences sentimentales.

Mme de Verdelin avait alors trente-deux ans. Son ménage, comme on le pense, lui donnait peu de bonheur. « Le vieux borgne et jaloux », comme l’appelait Mme d’Epinay, faisait continuellement des scènes. La jeune femme ne pouvait guère l’aimer. « Je voudrais pouvoir vous avouer autant de tendresse pour l’homme à qui vous vous intéressez, écrit-elle à Jean-Jacques, en parlant de son mari, mais mon très respectable voisin, je n’y peux rien. » Néanmoins, elle ne néglige pas ses devoirs d’épouse. « Un gros rhume le fait fort souffrir. Il y a deux nuits que je ne l’ai quitté qu’à trois heures. Ce soir il est mieux. » De son mariage avec M. de Verdelin étaient nées trois filles de santé délicate. L’aînée dont la faible constitution désolait la mère et lui causa beaucoup d’inquiétude, mourut infirme, en pleine jeunesse. Les cadettes, moins chétives, se marieront comme nous le verrons plus tard.

Souvent, la pauvre marquise devait soigner toute la famille :

« Depuis trois semaines je n’ai pas cessé d’être infirmière. J’espère que m’en voilà quitte. Il ne me reste plus qu’à guérir la tête de mon mari qui a repris plus vive-