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soupçons devaient être éveillés. En mandant à Duclos le 13 janvier[1] :

« Il vient de paraitre à Genève un libelle effroyable, pour lequel la dame d’Epinay a fourni des mémoires à sa manière »,

il indiquait le chemin de Ferney bien plutôt que celui de Céligny, et le 10 février suivant, qui pouvait-il viser, en écrivant à Lenieps :[2]

« Je me crois obligé de contribuer autant que possible à répandre son désaveu [de Vernes] dans le doute que quelqu’un de plus méchant que lui ne se cache sous son manteau ».

En réimprimant lui-même, comme pour se montrer au-dessus de pareilles atteintes, le Sentiment des Citoyens et en l’accompagnant de notes réfutatoires dans lesquelles l’abandon de ses enfants était nié au moyen d’un subterfuge, Rousseau avait donné le change, mais à condition que le silence se fît sur la question épineuse. Le résultat était atteint en chargeant Vernes, qui reniait le pamphlet avec véhémence. Accuser Voltaire, ç’eût été provoquer une réponse et une confirmation. Rousseau devait donc se persuader lui-même que son « persécuteur » était hors de cause. C’est ce qu’il a fait dans sa déclaration relative à M. Vernes :

« On avoit sourdement répandu le bruit dans le public, dans Genève et à Paris que le libelle étoit de M. de

  1. Correspondance, t. XII, p. 221.
  2. Ibidem, p. 350.