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Yverdon, et aurait valu « le même succès d’apaisement » au malheureux auteur ce double succès explique l’engouement de Rousseau pour cette œuvre médiocre : elle l’avait affranchi du tracas d’être traqué et l’avait rendu à lui-même. Quelle est cette occasion nouvelle saluée avec reconnaissance ? Le retour d’Angleterre en 1767 ne saurait entrer en ligne de compte : le manuscrit du Lévite n’accompagnait pas le voyageur, et ses papiers, laissés à Wootton, ne le rejoignirent qu’en septembre. Serait-ce donc le départ subit de Trye en juin 1768 ? je doute que la diligence assurât le recueillement indispensable à la composition. Ne faut-il pas plutôt voir en cette mise au point le labeur consolant des tristes journées que Jean-Jacques vécut à Bourgoin en août de cette même année, alors qu’il venait de crayonner contre une porte le Sentiment du public sur mon compte, dans les divers états qui le composent[1] ?

Mais encore, à quelle époque remonterait notre N° 1 ? La réponse dépend du caractère qu’il faut lui attribuer. Si c’est une préface remaniée, comme le mot lecteurs invite à le supposer, il serait postérieur à l’été 1768. Si c’est l’esquisse d’une page des Confessions que la rédaction ultime plus concise a remplacée[2], on pourrait proposer la fin de l’année 1770. En effet, si dès janvier 1765 Rousseau insérait le Lévite dans l’économie de ses Œuvres[3], la version intégrale révisée n’en fut lue a Bernardin de Saint-Pierre qu’au mois d’août 1771[4], et la publication en fut posthume.

  1. Correspondance générale, t. XVIII, p. 295.
  2. Confessions, liv. XI, éd. Hachette, t. IX, p. 31-32.
  3. Correspondance générale, t. XII, p. 248.
  4. Bernardin de Saint-Pierre. La vie et les œuvres de J.-J. Rousseau. Ed. Souriau. p. 37. 161-163.