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Quinze années plus tard, le 11 juin 1785, Ducis en parlant de la Savoie, écrivait à son ami Deleyre de Chambéry :

« …Avant de quitter la Savoie, j’ai voulu aller visiter le désert de la Grande-Chartreuse… Il lui parle « …de cette maison de paix où Rousseau a été avec l’abbé Rozier, apportant avec lui la moisson qu’il avait faite en route sur les montagnes… ».

« …Je vous avoue, mon cher ami », écrit alors Ducis en pensant à Rousseau, « que toutes ces idées de fortune, de gloire, de femmes, de plaisirs, tout ce tumulte de la vie, tout ce tapage qui est dans nos yeux, nos oreilles, notre imagination restent à l’entrée de ces déserts pour nous rappeler à nous-mêmes, à la nature et à son auteur. »

Paul-Emile Schazmann.

A Monquin

Pauvres aveugles que nous sommes !
Ciel démasque les imposteurs
Et force leurs barbares cœurs
A s’ouvrir aux regards des hommes.

28 17 70[1] 1

Vous m’avez envoyé, Monsieur, une très belle pièce à laquelle j’applaudis bien sincèrement. Vous m’exprimez en fils qui a des entrailles l’attendrissement et de vos parens et de vous mêmes au tableau de la piété filiale que vous leur avez présenté ; c’est un sentiment que j’étais fait pour gouter comme eux et vous, mais dont m’ont privé mes malheurs et mes fautes. Votre lettre me plaît et me touche. Vous vous déclarez peu savant :

  1. Cette date se lit : 28 janvier 1770. Plusieurs lettres de Rousseau écrites cette année-là sont datées de la même façon et précédées des mêmes vers. Cf. Correspondance générale, t. XIX, p. 215. Voir aussi ci-dessus, p. 171.