Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 24.djvu/11

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui, dans sa reconnaissance envers son initiateur. s’est réclamée de lui en de tels termes, qu’on a fait d’elle, et sur ses affirmations mêmes, une fille de Rousseau. Mais que doit-elle, réellement, à Rousseau ? Dans quelle mesure est-elle comptable envers lui de ses idées, de ses théories les plus chères, de ses sentiments de fond ? C’est ce que, nulle part, nous ne voyons serré d’un peu près, ce qui reste vague partout, à l’ombre commode de la formule traditionnelle. Et pourtant, une étude, une sorte de thèse, pourrait sortir de cette mise au point, qui renouvellerait l’aspect principal de George Sand et la grandirait sans diminuer Rousseau, alors que cette grande généreuse, qui fut aussi modeste que géniale, s’est partout diminuée en face de Rousseau. On n’attend pas de nous de creuser ici cette étude. Il nous suffira de la suggérer. Et c’est George Sand qui la suggérera, car c’est elle que nous ferons parler autant que possible. Comment elle a connu l’œuvre de Rousseau, comment elle l’a sentie, aimée, jugée, comment en un sens elle se rapproche de lui, comment souvent elle s’en écarte, bref, ce qu’elle lui doit jusqu’à un certain point, et ce qu’elle ne doit qu’à elle-même, c’est ce que nous allons essayer de brièvement esquisser.

Comment, d’abord, et dans quelles circonstances, a-telle connu cette œuvre, a-t-elle été initiée aux idées de Rousseau ? Disons plutôt : comment et l’œuvre et l’homme auraient-ils pu être ignorés sinon de l’enfant que fut Aurore jusqu’à son entrée au Couvent des Anglaises, en tout cas de la jeune fille qui en sortit. en 1820. après cette longue claustration qui la trans-