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fessions, que les mélancolies vespérales du « promeneur solitaire » hostile à son siècle et déplacé dans son milieu, n’aient soudainement fait surgir, dans une âme jeune, vierge, et encore ignorante de la vie, des forces d’action créatrice, de révolte également créatrice, qui dormaient au fond d’elle-même, ignorées d’elle, pures et innocentes comme elle au début de leur jaillissement, telles enfin ces nappes souterraines que la surface du sol ignore jusqu’à ce qu’un coup de sonde imprévu en perce l’enveloppe et les fasse bondir en geyser. Mais est-ce la sonde qui crée la source ?

S’il en est ainsi, comme nous le croyons, deux choses sont à remarquer immédiatement. L’une que, si prodigieuse qu’ait été la fortune des romans de George Sand, ce n’est pas dans ses romans qu’est l’essentiel de son œuvre et de son influence sur le siècle. Et cette affirmation contredit et même renverse les proportions et les conclusions que tons les biographes de George Sand, sans en excepter la documentaire et monumentale Karénine, ont jusqu’ici données à leurs études. C’est sous l’angle des idées, non sous l’angle de la littérature romanesque. — forme de la mode et périssable comme elle, — que doit être envisagée et jugée celle qui fut une des plus grandes voix du dix-neuvième siècle, celle que Renan, au lendemain de sa mort. appelait la harpe éolienne de son temps. L’autre, que, si Rousseau lui fut révélateur de son moi, son moi lui-même ne relève pas de celui de Rousseau, ne se confond quasi nulle part avec le sien. Et si. certes, c’est un inestimable bienfait pour elle que le génie de Rousseau ait ouvert au génie inconscient de. George Sand les portes de son propre horizon, ce n’est point à dire qu’elle ait hérité de lui au point d’en être réputée la fille. C’est elle surtout