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institutions chymiques
CHAPITRE 4e
Des différens mixtes et composés naturels.

Quelque étonnante varieté de substances que nous offre le spectacle de la nature, on peut pourtant réduire tous les corps dont elle est composée à certaines classes générales, par la subdivision desquelles on vient à bout de faire un dénombrement exact et de tout éxaminer. Mais quoique je ne veuille pas traitter icy des principes généraux dont j’ai déja parlé, ni des quatre Elémens ordinaires que nous éxaminerons dans le Livre suivant en qualité d’instrumens Chymiques, je ne puis, cependant, me dispenser de supposer icy l’éxistence de quelques mixtes que la Nature n’offre pas actuellement à nos sens ; mais qui seront tellement démontrés dans la suitte qu’il ne pourra demeurer nul doute sur leur réalité : car comme ces mixtes entrent dans la composition de presque tous les corps, je m’exposerois à n’être pas entendu en parlant de ceux-ci si je n’avois commencé par donner une notion des prémiers.

On donne le nom de sel, stricte sumptum, à certains petits corps composés d’eau et de terre vitrifiable[1] ; principes de touttes les saveurs, et qui s’unissent facilement à l’eau. On ne doit point conclurre de là qu’il y ait du sel dans tous les corps qui contiennent de la terre vitrifiable et de l’eau : Car pour former du sel il faut que ces deux principes fassent entre eux une union étroitte et particuliére sans laquelle (48) leur mélange n’en produit point, et cette remarque doit ser-

  1. Voir Becher, Phys. subt., p. 33 et Stahl, Spec. Bech., p. 43.