en reproduisant des mixtes semblables : Car quoique nous connoissions leurs parties, si nous ne savons pas comment elles sont unies nous ignorons le point le plus important, et Beccher ne veut pas que celui là ose se vanter de bien entendre la mixtion métallique, qui ayant les principes des métaux, et les autres choses requises, ne peut pas sur la terre produire des métaux semblables. Enfin la troisiéme est l’insuffisance de nos organes qui ne nous permet d’appercevoir ni les principes ni les mixtes que sous une forme aggrégative. Pour vous convaincre de cela, dissolvez, par éxemple, une demie dragme d’argent fin dans suffisante quantité d’eau forte ; mélez cette dissolution dans cinq ou six pintes d’eau de pluye pure et récente, il vous sera impossible d’appercevoir ni par les yeux, ni par le goût, ni par l’odorat que cette liqueur contient autre chose que de l’eau simple. Il est pourtant certain que chacune de ses particules est chargée d’une autre particule d’argent, car une seule goutte de cette eau jettée sur une solution limpide (38) de sel commun prend une couleur de lait et précipite au fond du vase un peu de poussière d’argent dont chaque molecule êtoit auparavant entièrement insensible. Nous aurons lieu de faire dans le cours de cet ouvrage mille semblables observations.
On ne peut dire combien l’oubli de cette vérité a causé de préjudice à la Théorie de la Chymie, et le physicien lui même ne resoudra jamais aucune des questions qui roulent sur la mixtion, sur la composition, sur la combinaison des principes, sur leur union, sur la cohesion et sur la continuité des corps, tant qu’il négligera cet axiome de pratique. Toutte la Physique depuis Aristote jusqu’à ce jour s’est toûjours brouillée en confondant les modifications des corps aggrégés avec les proprietés de chaque corpuscule particulier.
Cette observation est d’autant plus nécessaire que les corpuscules dont nous parlons, soit mixtes, soit composés, quoique d’une telle subtilité qu’ils échapent à tous nos sens,
