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institutions chymiques

graisse ou des charbons. cette 2e terre, plus subtile et plus volatile que la prémiére, se trouve dans une infinité de corps[1], elle est repandue presque partout, dans la terre, dans l’eau et sur tout dans l’air d’où elle s’insinue dans les pores des plantes et fertilise la terre ; en un mot, tout ce qui peut s’enflammer de soi même ou avec le nitre, tout ce qui participe à l’état métallique, tout ce qui a de la fluidité, en contient quelque portion. Ce principe du feu est aussi celui des couleurs[2]. Une infinité d’expériences font voir que le feu seul est capable de produire et de changer touttes les couleurs qui sont dans la nature. Quelles nuances, par éxemple, ne peut-il pas donner aux métaux différemment calcinés. La rougeur du minium duë à la réverbération de la flamme : La vive noirceur des suyes oléagineuses, les changemens de couleur que produisent les vapeurs du soulphre et les corpuscules des encres de Sympathie ; tout cela est manifestement du aux effets du Phlogistique : Mais tous les corps se (28) décolorent dés qu’ils en sont entièrement privés. Beccher échauffé par de si belles decouvertes ne se contente pas d’admettre dans le Phlogistique le principe colorant en qualité de cause, il prétend encore que les couleurs soient réellement des corps, des portions de matiére, des corpuscules de la seconde terre differemment combinés ou raréfiés. de telles erreurs sont suffisamment réfutées par la seule défi-

  1. Que le phlogistique soit le même dans les trois règnes c’est ce qu’on prouve aisément par la reduction des chaux métalliques au moien de la matiére inflammable tirée des animaux, des végétaux ou même des mineraux. (R.)
  2. Nous prouverons en parlant du feu que tous les corps en contiennent sans exception, mais il n’en est pas de même de ce principe que nous appelions phlogistique, le Phlogistique et le feu sont le même corps considéré en deux états différens. Il est phlogistique quand il entre dans la mixtion comme partie constituante : mais des que la mixtion est rompue et qu’il devient libre il peut bien être contenu dans le même corps mais seulement comme partie étrangére et aggrégative, alors c’est du feu. (R.)