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nous ne voulions plus de l'administration chinoise pour achever notre route, que nous la ferions à nos frais, risques et périls, et que si, d'après les lois de l'empire, il était requis qu'un mandarin nous accompagnât pour veiller sur nous, nous ne consentirions à marcher à sa suite qu'à la condition qu'il n'y aurait rien de commun entre lui et nous. On fit semblant d'être surpris des mauvais traitements que nous avions eu à subir dans le Hou-pé, et on nous protesta à plusieurs reprises que le Kian-si ne nous donnerait pas les mêmes sujets de plaintes. Nous laissâmes donc les Chinois organiser le départ, en les avertissant toutefois qu'au premier jour où nous verrions se renouveler de pareilles avanies, nous prendrions aussitôt le parti que nous leur avions signifié. Aussi, soit l'effet de nos paroles, soit plutôt la perspective de nous remettre immédiatement entre les mains du représentant de la France, nous avons eu beaucoup moins à souffrir depuis le Kian-si jusqu'à Canton, où nous sommes arrivés vers la fin de septembre 1846.

« Maintenant, il serait superflu d'ajouter qu'en signalant ces faits, notre unique pensée est d'en prévenir le retour. Ministres d'une Religion toute de paix et de concorde, à Dieu ne plaise que nous élevions ici la voix pour appeler la vengeance sur nos persécuteurs ! Pour ce qui nous concerne personnellement, nous n'oublions pas que la carrière où nous sommes entrés doit être semée jusqu'au bout de souffrances et d'humiliations ; mais nous pensons qu'on ne verra pas avec indifférence cette prétention inouïe de la Chine, qui ose poursuivre de ses outrages le Christianisme et le nom d'Européen jusque chez les peuples étrangers.

« Gabet, Miss. apost. »