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ânes robustes et accoutumés à porter de lourds fardeaux. Nous n'étions séparés de Lassa que par une montagne, c'était peut-être la plus ardue et la plus escarpée de toutes celles que nous avions vues. Les Thibétains et les Mongols la gravissent avec une grande dévotion. Les pèlerins, disent-ils, qui ont le bonheur d'arriver au sommet obtiennent la rémission complète de leurs péchés. Ce qu'il y a de bien certain, c'est que si cette montagne n'a pas le pouvoir de remettre les péchés, elle a du moins celui d'imposer une rude et forte pénitence à ceux qui la franchissent. Pendant presque tout le temps nous fumes obligés de marcher à pied. Impossible d'aller à cheval parmi ces sentiers escarpés et rocailleux.

« Le soleil venait de se coucher, quand nous entrâmes dans une belle et spacieuse vallée. Lassa était devant nos yeux. Cette multitude d'arbres séculaires qui entourent la ville, ces maisons blanches, hautes et terminées en plate-forme, ces temples nombreux aux toitures dorées, mais surtout ce Bouddha-la où s'élève le palais grandiose du Talé lama, tout donne à la capitale du Thibet un aspect majestueux et imposant.

« A l'entrée de la ville, des Mongols que nous avions connus en route et qui nous avaient précédés de quelques jours, vinrent nous recevoir. Ils nous invitèrent à mettre pied à terre dans un logement qu'ils nous avaient préparé. Nous arrivâmes à Lassa le 29 janvier 1846. Il y avait dix-huit mois que nous étions partis de la vallée des Eaux noires.

« Permettez-moi, monsieur et très-honoré Père, de m'arrêter ici pour le moment. Dans une prochaine lettre je continuerai le sommaire que j'ai commencé.

« Votre soumis et respectueux enfant,

« E. Huc, Prêtre de la Mission. »