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parmi les tentes noires de Na-ptchu un grand nombre d'iourtes mongoles. Les caravanes qui se rendent à Lassa doivent rester quelques jours dans ce pays pour organiser un nouveau système de transport. La difficulté des chemins ne permet pas aux chameaux d'aller plus loin. Nous vendîmes donc les nôtres, et après avoir loué des bœufs à long poil nous continuâmes notre marche.

« La route qui conduit de Na-ptchu (1)[1] à Lassa est en général rocailleuse et fatigante. Quand on arrive à la chaine des monts Koiran elle est d'une difficulté extrême. Pourtant on éprouve la joie inexprimable de se trouver dans un pays de plus en plus habité. Les tentes noires qu'on aperçoit dans le lointain, les nombreux pèlerins qui se rendent à Lassa, les innombrables inscriptions gravées sur des pierres amoncelées le long de la route, tout contribue un peu à alléger les rigueurs du voyage.

« A mesure qu'on approche de Lassa le caractère exclusivement nomade des Thibétains s'efface peu à peu. Déjà quelques champs cultivés apparaissent dans le désert ; les maisons remplacent les tentes noires, enfin les bergers ont disparu, on se trouve au milieu d'un peuple agricole !

« La grande vallée de Pampou, faussement appelée Panetou sur la carte, est un pays magnifique. L'agriculture y est florissante ; les fermes sont d'un aspect ravissant. Pour le moment je ne dirai rien sur les Thibétains, parce qu'en parlant de notre séjour à Lassa, j'aurai à m'étendre sur ce peuple si peu connu en Europe.

« A Pampou notre caravane fut obligée de se transformer encore une fois. C'est là que s'arrêtent ordinairement les bœufs à long poil. Ils sont remplacés par des

  1. (1) Aux environs de Ka-ptchu il y a de grands réservoirs de borax. Les Thibétains s'en servent pour faciliter la fusion des métaux et souder tes ouvrages d'orfèvrerie.