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promenades à Koumbom, et presque tous les jours nous recevions, à Tchogortan, la visite de quelques lamas surtout de ceux qui étaient les plus zélés à s'instruire des vérités chrétiennes.

« Au mois d'août 1845, pour célébrer l'anniversaire de notre départ de la vallée des eaux noires, nous nous remimes en route. Notre petite caravane s'était augmentée d'un chameau, d'un cheval et d'un lama du mont Ralchico que nous reçûmes en qualité de pro-chamelier. Nous rentrâmes ainsi dans la vie nomade et nous allâmes dresser notre tente sur les bords de la mer bleue.

« Le Kou-kou-noor (lac bleu) est appelé par les Chinois Hin-hai (mer bleue). Les Chinois ont raison d'appeler mer plutôt que lac cet immense réservoir d'eau qui se trouve dans la Tartarie. Il a, en effet, son flux et reflux, son eau est amère et salée, et quand on en approche, l'odorat est saisi par une forte odeur marine. Au milieu de la mer bleue, vers la partie occidentale, est une petite île où est bâtie une lamazerie. Une vingtaine de lamas contemplatifs l'habitent. On ne peut pas aller les visiter, car il n'y a pas une seule barque sur toute l'étendue de la mer bleue ; du moins, nous n'en avons jamais aperçu, et les Mongols nous ont assurés que parmi eux personne ne s'occupait de navigation. Seulement pendant l'hiver, au temps des grands froids et lorsque la mer est glacée, les Tartares organisent leurs caravanes, et vont en pèlerinage à la petite lamazerie. Ils apportent leurs offrandes aux lamas contemplatifs, dont ils reçoivent en échange des bénédictions pour la bon té des pâturages et la prospérité de leurs troupeaux.

« Le Kou-kou-noor est d'une grande fertilité. Quoique dépourvu d'arbres et de forêts, son séjour est assez agréable : les herbes y sont d'une prodigieuse hauteur. La pays est entrecoupé d'un grand nombre de ruisseaux