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formes honnêtes de leur langage. Aussi sont-ils craints et détestés de tous leurs voisins. Quand ils se croient lésés dans leurs droits, c'est pour l'ordinaire à coups de poignards qu'ils se font raison. Parmi eux l'homme le plus honoré est toujours celui qui a commis le plus grand nombre de meurtres. Ils parlent entre eux une langue particulière, incompréhensible mélange de mongol, de chinois et de thibétain oriental. A les en croire, ils sont d'origine tartare. Quoique soumis à l'empereur chinois, ils sont gouvernés par une espèce de souverain héréditaire, appartenant à leur tribu, et qui porte le titre de Tousse. Il existe dans la Kan-sou et sur les frontières du Su-tchuen plusieurs tribus semblables, qui se gouvernent ainsi d'elles-mêmes et d'après leurs lois spéciales. Toutes portent le nom de Tousse auquel on ajoute souvent le nom de la famille de leur chef ou souverain. Yan-tousse est la plus célèbre et la plus redoutable. Samdadchiemba appartient à cette tribu.

« Je reviens à Tang-keou-eul. Cette ville a peu d'étendue, mais elle est très-populeuse, très-active et très-commerçante. C'est une véritable Babel où se trouvent réunis des gens de toute langue ; des thibétains orientaux, des Houng-mao-eul ou longues chevelures, des tartares de la mer bleue, des chinois de toutes les provinces, et des Hounydze-turcs, descendants d'anciennes migrations indiennes. Tout porte, dans cette ville, le caractère de la violence. Chacun marche dans les rues, armé d'un grand sabre et affectant dans sa démarche une féroce indépendance. Il est impossible de sortir, sans être témoin de querelles qui ordinairement s'éteignent dans le sang.

« Après quelques jours de repos à Tang-keou-eul, nous allâmes visiter la Lamazerie de Koumboun chez les Si-fan ou Thibétains orientaux. Comme nous avions résolu d'apprendre la langue thibétaine et de nous mettre