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célèbre par sa grande sévérité à l'égard des étrangers. On nous fit d'abord des difficultés, mais tout se borna à une assez violente querelle avec les soldats de la douane. Ils voulaient absolument de l'argent, et nous étions absolument déterminés à ne leur donner que des paroles. Ils finirent enfin par nous laisser le chemin libre en nous recommandant, toutefois, de ne pas dire aux Tartares que nous étions passés gratis.

« De San-yen-tsin nous allâmes à Tchouang-loug-in, vulgairement appelé dans le pays Ping-fan. Son commerce est assez vivant ; la ville, prosaïquement taillée sur les patrons ordinaires, n'offre aucun trait particulier ni de laideur ni de beauté.

« Pour arriver à la grande ville de Si-ning-fou, nous suivîmes un chemin affreux. Nous éprouvâmes surtout beaucoup de misères pour traverser la haute montagne de Ping-keou, dont les aspérités offraient à nos chameaux des difficultés presque insurmontables. Chemin faisant, nous étions obligés de pousser continuellement de grands cris pour avertir les muletiers qui auraient pu se trouver sur la route, de conduire leurs bêtes à l'écart. La route était si étroite et notre caravane inspirait à ces animaux une si grande frayeur, qu'il était souvent à craindre de les voir se précipiter dans des gouffres. Quand nous fûmes arrivés au bas de la montagne Ping-keou, notre route se continua pendant deux jours à travers des rochers et le long d'un profond torrent, dont les eaux tumultueuses bondissaient à nos pieds. L'abime était toujours béant à côté de nous ; il eût suffi d'un faux pas pour y rouler.

« Si-ning-fou est une ville immense, mais peu habitée. Son commerce est intercepté par Tang-keou-eul, petite ville située sur les bords de la rivière Keou-ho, et à la frontière qui sépare le Kan-sou du Koukou-noor. Ce lieu