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comme un liquide. Il est inutile de remarquer qu'au milieu de ces sablières on ne rencontre pas la moindre trace de végétation. Mon Dieu ! quelles peines, quelles difficultés pour traverser ces montagnes ! A chaque pas nos chameaux s'enfonçaient jusqu'au ventre et ce n'était que par soubresauts qu'ils pouvaient avancer. Les chevaux éprouvaient encore plus d'embarras, parce que la corne de leurs pieds avait sur le sable moins de prise que les larges pates des chameaux. Pour nous, dans cette pénible marche, nous devions être bien attentifs pour ne pas rouler du haut de ces collines mouvantes jusque dans le fleuve jaune, que nous apercevions à nos pieds. Par bonheur le temps était calme et serein : s'il eut fait du vent, nous aurions été certainement engloutis et enterrés vivants sous des avalanches de sable.

« Après avoir traversé les Halechan, nous rencontrâmes la route qui se rend à Ili, le Botany-bay de l'empire chinois. C'est là qu'on déporte les criminels condamnés à l'exil. 'Avant d'arriver dans ce lointain pays, les malheureux exilés sont obligés de traverser les monts Moussour (glaciers). Ces montagnes gigantesques sont uniquement formées de glaçons entassés les uns sur les autres. Pour faciliter le passage on doit tailler dans la glace un escalier. Ili (1)[1] est renfermé dans le Torgot, pays évidemment tartare-mongol. Outre que les rivières, les montagnes, les lacs de ce pays sont désignés par des noms purement mongols, durant notre voyage nous avons eu occasion de faire connaissance avec des lamas du Torgot, qui nous ont donné des notions exactes sur leur patrie. Rien ne distingue les Tartares du Torgot des autres peuples de la Mongolie, ni langage, ni mœurs, ni costume. Quand on demandait à ces lamas d'où ils

  1. (1) La Carte d’Andriveau-Goujou donne deux noms à ce pays : Goudja ou Ili.