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Mongols qui font l'exploitation de cette magnifique saline. Quand le sel est convenablement purifié, ils le transportent sur les marchés chinois les plus voisins, et l'échangent contre du thé, du tabac et de l'eau-de-vie.

« Nous traversâmes le Tabos-noor dans toute sa largeur de l'orient à l'occident ; mais nous dûmes user de grandes précautions pour avancer sur ce sol toujours humide et quelquefois mouvant. Les Mongols nous recommandèrent de suivre avec beaucoup de prudence les sentiers battus, et de nous éloigner des endroits où nous verrions l'eau sourdre et monter. Ils nous assurèrent qu'il existait des gouffres qu'on avait plusieurs fois sondés sans jamais en trouver le fond. Tout cela porterait peut-être à croire que le noor ou lac, dont on parle dans le pays, existe réellement, mais qu'il est souterrain. Au dessus serait alors comme un couvercle, une voûte solide, formée de matières salines et salpetreuses, produites par les évaporations continuelles des eaux souterraines. Des corps étrangers, incessamment charriés par les pluies et poussés par les vents, auront bien pu former ensuite une croute assez forte pour porter les caravanes qui traversent le Tabos-noor.

« Deux jours après avoir laissé derrière nous le lac de sel, nous eûmes le bonheur d'arriver dans une vallée assez fertile et qui nous parut magnifique, comparativement aux tristes pays que nous venions de parcourir. Nous résolûmes d'y camper quelques jours, pour reposer nos animaux, dont le dépérissement commençait à nous alarmer. Les Mongols qui avaient dressé leurs tentes dans cette vallée, nous traitèrent avec honneur et distinction. Quand ils surent que nous étions des Lamas venus du ciel d'occident, ils voulurent nous donner une petite fête de leur façon. Quoique j'aie dit au commencement que je ne m'arrêterais guère aux