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saisissement. On ne voit là ni décombres ni ruines, mais seulement la forme d'une belle et grande cité, enterrée à demi, et que les herbes enveloppent comme d'un linceuil funèbre. L'inégalité du terrain semble dessiner encore la place des rues et des monuments. Nous rencontrâmes un jeune berger mongol qui fumait silencieusement sa pipe, assis sur un monticule, pendant que son grand troupeau de chèvres broutait l'herbe au dessus des remparts et dans les rues désertes... On rencontre souvent dans les déserts de la Mongolie des traces de villes. Il est probable qu'elles ont été autrefois bâties et occupées par les Chinois.

Non loin de la vieille ville on rencontre une large route allant du nord au midi ; c'est celle que suivent ordinairement les ambassades russes qui se rendent à Pékin. Les marchands chinois qui vont faire le commerce à Kiakta, ville frontière de la Russie, suivent aussi cet itinéraire. M. Timkouski, dans la relation de son Voyage à Pékin, dit qu'il n'a jamais pu savoir pourquoi leurs guides leur faisaient prendre une route différente de celle que les ambassades précédentes avaient suivie. En voici la raison. Les Chinois et les Tartares nous ont dit que c'était une précaution politique du gouvernement. Il ordonnait de faire avancer les Russes par des circuits et des détours, afin qu'ils ne pussent pas reconnaître les chemins : précaution sans contredit bien ridicule et qui n'empêcherait certainement pas l'autocrate russe de trouver la route de Pékin, s'il lui prenait un jour fantaisie d'aller présenter un cartel au fils du ciel.

Nous arrivâmes à Koukou-hote (ville bleue), appelée par les Chinois Koui-hoa-tcheu. Il y avait un mois que nous étions en marche. Il existe deux villes du même nom, à cinq lis de distance l'une de l'autre ; la ville neuve et la ville vieille. Nous allâmes loger à cette