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il n'était pas peu fier de cette qualité dont il aimait à faire parade. Après avoir été instruit et baptisé par M. Gabet, il voulut se donner à la sainte Eglise, comme il disait, et s'attacher au service des Missionnaires. Le voyage que nous venions d'entreprendre était tout-à-fait dans le goût de sa vie aventureuse.

Samdadchiemba n'était pas plus instruit que nous des routes de la Tartarie. Nous nous enfonçâmes dans les déserts, ayant pour seuls guides une boussole et l'excellente carte de l'empire chinois par M. Andriveau Goujon. Je n'entrerai point dans les détails de notre vie nomade et des aventures qui nous sont survenues. Mon dessein est d'esquisser à grands traits, dans cette lettre, nos longues courses pendant plus de deux ans. Je me contenterai, en général, de signaler les nombreux pays et les peuples divers que nous avons rencontrés.

Après huit jours de marche dans les fertiles prairies du royaume de Géchekten, les nombreux voyageurs mongols et chinois que nous rencontrions sur notre route, étaient un indice que nous étions peu éloignés da la grande ville de Tolon-noor. Déjà nous apercevions, loin devant nous, reluire aux rayons du soleil la toiture dorée des deux magnifiques lamazeries. Nous cheminâmes longtemps à travers les tombeaux innombrables qui environnent la ville ; en considérant cette population immense comme enveloppée dans une vaste enceinte d'ossements et de pierres tumulaires, on eût cru voir la mort travaillant incessamment au blocus des vivants. Parmi ce grand cimetière qui semble étreindre la ville, nous remarquâmes çà et là quelques jardins, où à force de soins et de peines on parvient à cultiver de misérables légumes. Si on excepte ces quelques plantes potagères, le sol sur lequel s'élève la ville de Tolon-noor ne produit absolument rien ; le pays est aride et