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l’illusion de grands groupes humains, les indices que fournissent l’anthropologie et la préhistoire s’accordent à montrer la diversité des races qui, à la manière d’alluvions successives, ont formé la plupart de nos peuplements.

L’analyse de ces éléments, l’étude de leurs rapports et de leurs combinaisons, composent la trame de toute recherche géographique. Il ne peut plus être question, d’après ce point de vue, d’une antinomie de principe entre deux sortes de géographie : l’une qui, sous le nom de géographie générale, en serait la partie vraiment scientifique ; et l’autre qui s’appliquerait, sans autre fil conducteur qu’une curiosité superficielle, à la description des contrées[1]. De quelque côté qu’on les envisage, ce sont les mêmes faits généraux, dans leurs enchaînements et leur corrélation, qui s’imposent à l’attention. Ces causes, s’il est permis de se servir de ce mot ambitieux, engendrent en se combinant les variétés sur lesquelles le géographe travaille : soit qu’il se propose de déterminer des types de climats, de formes de sol, d’habitat, etc., comme il le fait quand il traite de géographie générale ; soit qu’il s’efforce de caractériser des contrées, de les peindre même, car le pittoresque ne lui est pas interdit.


III. — les surfaces.


Le champ d’étude par excellence de la géographie, c’est la surface ; c’est-à-dire l’ensemble des phénomènes qui se produisent dans la zone de contact entre les masses solides, liquides et gazeuses qui constituent la planète. Ce contact est le principe de phénomènes sans nombre, dont quelques-uns à peine soupçonnés encore ; il agit comme un réactif pour mettre en évidence les énergies terrestres. La colonne d’air se modifie sans cesse au contact des surfaces solides ou liquides ; et la vapeur d’eau, transportée à la suite de ces oscillations, s’accroît, se condense ou se précipite suivant l’état thermique des surfaces qu’elle rencontre. Le sol est en butte de la part des météores, non seulement à des attaques de vive force, mais à des atteintes par infiltration. Son épiderme se durcit, ou bien il se décompose à leur contact. L’air et l’eau pénètrent alors dans sa texture ameublie ; et la terre devient, suivant l’expression de Berthelot, quelque chose de vivant. Les ferments et les bactéries entrent en mouvement ; l’acide carbonique dissout les phosphates, la chaux, la potasse et autres ingrédients qui entrent dans le corps des plantes, et qui s’y élaborent, sous l’action de la lumière, pour servir de nourriture aux autres êtres vivants.

Sans doute l’intérieur de la Terre est le siège d’autres phénomènes de transformation, d’incalculable portée. La géographie toutefois n’y

  1. Antinomie souvent alléguée, depuis que Bernard Varenius l’exprima pour la première fois, en 1650, dans se Geographia generalis.